Thèse soutenue

La prison dans la tête : la surveillance électronique des condamnés à domicile

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Auteur / Autrice : Camille Allaria
Direction : Bernard Conein
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance en 2012
Etablissement(s) : Nice
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'Anthropologie et de Psychologie Cognitives et Sociales-EA 7278 (Nice ; 2012-2016)
Jury : Rapporteurs / Rapporteuses : Martine Kaluszynski

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Que devient la sanction pénale quand la notion d'enfermement numérique se substitue progressivement à celle d'enfermement physique? Cette interrogation se fonde sur une enquête ethnographique menée au pôle de surveillance électronique des Baumettes, auprès de condamnés porteurs de bracelet électronique et de conseillers d'insertion et de probation. Deux pistes principales de recherche sont explorées. La première considère que l'abandon du « corps enfermé » est rendu possiblepar une rationalisation et une normalisation de l'espace et du temps, à distance. La peine sort de la prison grâce à la trace numérique qui rend visible la sphère intime aux agents de surveillance électronique. La mise à distance du corps physique du surveillé rend nécessaire la mesure et la maîtrise de son emploi du temps. Ce phénomène est appréhendé dans son contexte politique, au sein duquel s'est opéré un déplacement anthropologique qui exhume à nouveau le profil de l'homme dangereux. La seconde piste propose d'examiner l'insertion, dans le processus de sanction pénale, d'un dispositif technologique qualifié d'expert-borgne. On considère que l'incertitude technologique produit une incertitude normative qui favorise, d'une part, l'arbitraire de la sanction pénale et qui restreint, d'autre part, les possibilités critiques des individus surveillés. A l'issue de cette étude, notre analyse s'ouvre sur quatre thèmes sociologiques : l'adoucissement du châtiment, la production du sujet de justice, la dichotomie entre sanction formelle et sanction diffuse, l'objet et la possibilité de critique sociale dans un contexte d'usage d'une technologie numérique.