Thèse soutenue

Epidémiologie des maladies inflammatoires chroniques de l'Intestin en France : apport du registre EPIMAD

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Auteur / Autrice : Corinne Gower
Direction : Alain Duhamel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Epidémiologie
Date : Soutenance le 10/12/2012
Etablissement(s) : Lille 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Biologie-Santé (Lille)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'Etudes et de Recherche en Informatique Médicale

Résumé

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Les Maladies Inflammatoires Chroniques de l’Intestin (MICI) comprennent la maladie de Crohn (MC) et la rectocolite hémorragique (RCH). Ce sont des inflammations chroniques du tube digestif dont les causes sont inconnues. Une meilleure connaissance de leur épidémiologie pourrait orienter vers des pistes étiologiques. Jusqu’à la création du Registre EPIMAD en 1988, il n’existait en France aucune donnée d’incidence. Nous avons créé en 1988 une étude prospective d’incidence des MICI, reconnu «Registre» par l’Inserm et l’InVS en 1992. Le territoire couvert par Epimad comporte le Nord, le Pas-de-Calais, la Somme et la Seine-Maritime avec près de 6 millions d’habitants soit 9,3% de la population française. La collection des cas repose sur une collaboration multidisciplinaire incluant les gastroentérologues (GE) (libéraux, hospitaliers, adultes et pédiatres; n=262), les services d’Epidémiologie de Lille et Rouen, la plateforme d’aide méthodologique en Biostatistiques du CHRU de Lille et les Centres Hospitalo-Universitaires de Lille, Amiens et Rouen. Neuf enquêteurs se déplacent sur les lieux de consultation des GE et recueillent les informations nécessaires à la validation des diagnostics. Deux GE experts revoient chaque dossier indépendamment et posent le diagnostic final de MC ou RCH certaine, probable ou possible, de colite indéterminée, de colite aiguë ou de colite inclassée. Pour les cas atypiques et non classés, un suivi systématique est effectué pour le classement définitif (MICI ou non MICI). Un croisement des bases du Registre et des bases hospitalières est effectué une fois par an pour mesurer l’exhaustivité. 80% des cas incidents sont diagnostiqués par les GE libéraux, 13% par les GE des hôpitaux généraux et 7% par les GE universitaires. Entre 1988 et 2008, l’incidence moyenne des MICI était de 11,3/105 habitants (6,4 pour la MC, 4,4 pour la RCH et 0,5 pour IBDU). Pendant cette période, l’incidence de la MC a augmenté de 30% (100% chez l’adolescent) alors que celle de la RCH est restée stable. Le délai diagnostique médian était de 3 mois dans la MC et de 2 mois dans la RCH. Le pourcentage de patients ayant un diagnostic posé plus de 9 mois après l’apparition des symptômes a diminué avec le temps. La validité diagnostique dans les cas non classant d’emblée a été assurée par un suivi de 2 ans et a montré que seul l’âge < 40 ans était prédictif d’une évolution vers une MICI chez un patient présentant une colite aiguë. Nous avons aussi mis en évidence des présentations cliniques différentes en fonction de l’âge. Ainsi, chez l’adulte jeune, la MC est plus étendue que chez les sujets > 60 ans au diagnostic. Grâce à un nombre élevé de cas incidents, une hétérogénéité spatiale de l’incidence des MICI a été montrée dans les zones agricoles et suburbaines sans lien avec le niveau social des populations. En utilisant la méthode des statistiques de scan rajoutant la dimension temporelle à l’analyse spatiale, nous avons trouvé plusieurs clusters de sur et sous incidence constants dans le temps. Nos perspectives sont: 1) Poursuivre l’enregistrement des cas incidents et établir des données de prévalence; 2) Etudier les facteurs de risque environnementaux par des études d’épidémiologie analytique (corrélations écologiques, études cas témoins, études exposés-non exposés); 3) Etudier les facteurs de risque génétiques (fréquence des variants NOD2) dans la population du Registre; 4) Créer une étude prospective sur les paramètres prédictifs (profil génétique, profil métagénomique du microbiote intestinal, profil sérologique) de développer une MC dans une population de sujets à haut risque (sujets indemnes de MC âgés de 10 à 35 ans et appartenant à une famille multiplexe, à la descendance de formes conjugales ou à une paire de jumeaux discordants). Conclusions: EPIMAD est le plus gros Registre mondial sur les MICI en population générale, reconnu pour la qualité de ses travaux, rendu possible par la création d’un réseau-ville-hôpital unique.