Thèse soutenue

Jeux et enjeux stylistiques et romanesques de l’exophore mémorielle dans "À la recherche du temps perdu" de Marcel Proust

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Auteur / Autrice : Zied Smat
Direction : Éric Bordas
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langue et littérature françaises
Date : Soutenance le 03/02/2012
Etablissement(s) : Lyon, École normale supérieure
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon)
Jury : Président / Présidente : Georges Molinié
Examinateurs / Examinatrices : Éric Bordas, Georges Molinié, Jacques Dürrenmatt
Rapporteurs / Rapporteuses : Jacques Dürrenmatt

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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La structure prototypique en "un de ces… qui très" connue depuis Balzac, est exceptionnellement exploitée par Marcel Proust. Stylème prépondérant dans son œuvre, l’exophore mémorielle est l’un de ces procédés qui permet la description de l’écriture proustienne selon plusieurs angles d’approches. Suivant le rythme de la combinaison stylématique, cette étude se donne pour objectif d’étudier minutieusement le style proustien en se fondant sur les nouvelles théories de l’analyse du discours. Les différents éléments des corrélations seront étudiés non pas seulement dans la langue, mais dans leurs apparitions dans le cadre de la phrase, du texte. L’analyse de la tournure selon une classification typologique nous permet de découvrir la richesse d’emplois des déterminants, leurs relations avec la subordination surtout relative. Cela contribue à mettre au point à chaque fois la qualité que renferme le procédé sur le processus de la création littéraire et de la variation stylistique de la phrase proustienne. L’étude typologique permet de vérifier la diversité formelle qui s’organise dans le cadre d’une figure apparemment identique, mais profondément multiple sur le plan linguistique ainsi que sur le plan stylistique. En fait, les éléments de la structure exophorique articulent une diversité de relations syntaxiques parfois explicites, mais dans beaucoup d’autres cas implicites. La première partie contribue à déceler les valeurs d’emplois des articles dans la stucturation de la phrase. L’ambivalence surtout de la désignation démonstrative confère à dévoiler une palette d’effets stylistiques. Le mode référentiel spécifique renforce les mécanismes de présupposition, de accessibilité référentielle. Dans ce même cadre, la désignation démonstrative qui s’accompagne bien évidemment de particules récurrentes, nous a acheminé vers l’analyse de la monstration et de la question de points de vue. La deuxième partie continue à réceler les rapports des parties de la construction. Dans ce cadre, l’étude des pronoms personnels ouvre sur la combinaison des deux figures : l’exophore, l’ennallage. Les jeux de substitutions des pronoms entre les deux parties constituantes est un angle d’approche qui nous permet d’étudier la problématique des valeurs et emplois des temps. Cette partie met l’accent sur le glissement du temps de la fiction au temps de la doxa. Les différents emplois des formes verbales contribuent à révéler la multiplicité des valeurs aspectuelles et modales et mettent l’accent sur les différents maniements proustien. L’omniprésence d’un procédé au multiples facettes participe à décrire la virtuosité, voire la richesse d’un style-vision. L’exophore permet de ressusciter le passé comme une sorte d’observatoire du temps et d’immortaliser les sensations. La partie finale s'ouvre sur les enjeux poétique du stylème. Il acquiert une fécondité indiscutable dans l’élaboration et la progression textuelle comme un outil d’annecdotisation, un miroir de la polyphonie romanesque. Marquée par l’ambivalence, la binarité de la composition discontinue, l’oscillation entre des pôles fallacieusement antithétiques : passé et présent, réel et imaginaire, norme et écart, l’exophore permet à Proust d’entremêler dans le même cadre phrastique des références intradiégétiques et extradiégétiques et d’associer conjointement des figures comme la métaphore et la comparaison.  Plus loin, et en dernier angle d’approche, l’exophore paraît comme un outil du déchiffrement des zones d’ombres du texte : l’implicite et l’ironie.