Thèse de doctorat en Anthropologie sociale
Sous la direction de Jean-Pierre Olivier de Sardan.
Soutenue en 2012
à Paris, EHESS .
Ce travail se propose de décrire et d'analyser les relations entre les communes et les éleveurs peuls dans le nouveau contexte de décentralisation au Niger. Il s'intéresse au secteur de l'élevage qui constitue un gisement fiscal important (et même le premier) pour les finances locales. La problématique centrale est que l'élevage et les éleveurs peuls sont confrontés à des enjeux économiques, institutionnels et politiques auxquels ils essaient de s'adapter et de s'imposer. Les communes font face à un manque patent de moyens et les fonds prévus par l'Etat ne sont pas toujours versés. Les défis sont nombreux tant sur le plan de l'accès aux services publics que sur celui de la mobilisation des moyens. L'élevage devient ainsi la ressource fiscale "sûre", bien que la contrepartie délivrée reste faible, voire inexistante. Les éleveurs peuls, considérés auparavant comme des "laissés-pour-compte", en dépit de l'importance de l'élevage, tentent de plus en plus à se positionner pour accéder aux biens et services publics ainsi qu'aux hautes sphères locales des responsabilités politiques. Ce qu'ils réussissent de fait de leur poids économique, politique et de l'influence de leurs réseaux sociaux. Par ailleurs ils arrivent aussi à faire fléchir les communes en leur imposant un boycott des marchés dénommé dangol pulaaku.
Livestock in a communalization context in Niger : between economic and political stakes : cases of Gouré department and peul livestock
This work focus on livestock in a communalization context in Niger, this study highlights the economic and political stakes for both a commune and a social group. With the establishment of the communes, livestock became the primary source of funding for local budget. The communes rely on the taxes levied on the cattle to fund their activities. As a result, in pastoral area, a livestock market conditions not only how well some communes are managed, but also their own existence. While Peullivestock holders provide the communes with significant resources, what are they receiving in return? Peul pastoralists now believe that entering the political arena is the most efficient way to have access to public resources, be heard by the communes and even the state. This renewed interest in politics translated into the involvment of peul in local politics, illustrating how a social minority emerges in the political arena. In addition to this involvment in politics and as they try to influence the communes, the Peul of Goure use a social and economic resistance, a form of market boycott they refer to as dangol pulaaku.