Thèse de doctorat en Sociologie
Sous la direction de Alain Cottereau.
Soutenue en 2012
à Paris, EHESS .
Cette thèse porte sur l’alliance des familles et la violence politique au Mexique et, plus précisément, sur les modalités particulières qui les connectent et les influencent mutuellement. Elle résulte d’une enquête de terrain dans le Mexique méridional : régions de Costa Chica, au Guerrero et de la Sierra Norte, en Oaxaca. L’observation ethnographique à l’intérieur des familles a été échelonnée sur quatre années, elle s’est étendue à l’étude des trois générations. L’objet d’enquête a porté en premier lieu sur les alliances matrimoniales. L’analyse aborde le mariage non pas comme institution, structure ou stratégie, mais comme forme de vie pratiquée et jugée par les intéressés. Une sociologie de l’évaluation est mise en œuvre pour décrire et croiser les points de vue et les pratiques des différents acteurs concernés à des échelles temporelles variées, en combinant l’analyse des compréhensions rétrospectives et des horizons d’avenir que dessinent les alliances dans chacun de leur contexte. Les rapports d’autorité, les effondrements de légitimité au profit des rapports de pouvoir et de la violence prennent un éclairage particulier avec les récits et les analyses de ceux qui ont eu à vivre avec « la violence » plus qu’ils ne l’ont exercée. Trois moments de l’analyse : l’autorité locale au temps des grands-parents, les relations multiples sur trois générations, puis l’ethnographie contemporaine d’une noce, scrutent les redéfinitions de liens entre générations et hiérarchies, au profit de rapports plus égalitaires, et les modifications de frontières entre l’alliance et la violence.
Alliance and violence : authority relationships through three generations in Guerrero and Oaxaca (Mexico)
This thesis analyzes the relationship between alliance among families and political violence in Mexico, most specifically the different ways in which family alliance and political violence are connected to each other as well as mutually influenced. This thesis is the product of fieldwork that took place in two separate regions of Southern Mexico: the Costa Chica, in the State of Guerrero, and the Sierra Norte of the State of Oaxaca. Over the course of four years, an ethnographic observation of three generations was conducted inside households of both regions. The primary aim of this research was the study of matrimonial alliances. Here, marriage is not approached as an institution, structure or strategy, but as a way of life, as it is practised and judged by the concerned persons. Rather than a text on “critical sociology”, this work should be considered within the context of the sociology of evaluation and critique. Thus, our work describes and confronts the points of view and the practices of all actors involved at different times, whose comprehension is produced in hindsight and analyzed together with the horizon of expectations that legitimated these marriages at each of these times. This analysis distinguishes the concepts of authority, power and violence, and explores these distinctions and their repercussions through the narratives of people who had to live with violence. The analysis unfolds in three stages around 1) local authority in the first half of the twentieth century, 2) marriage through three generations and 3) the contemporary ethnography of a wedding; leading to the scrutiny of the disruption of old hierarchies and of boundary changes between alliance and violence.
Esta tesis trata sobre la alianza de familias y la violencia política en México, en particular, sobre las formas concretas en que ambas se relacionan e influencian recíprocamente. Es el resultado de una investigación de campo en las regiones de Costa Chica de Guerrero y de la Sierra Norte de Oaxaca, en el sur de México. La observación etnográfica realizada en el interior de familias se hizo a lo largo de cuatro años y comprende tres generaciones. El objeto de investigación trata, en primer lugar, de las alianzas matrimoniales. Este análisis aborda el matrimonio no como una institución, estructura o estrategia, sino como forma de vida practicada y juzgada por las y los interesados. Una sociología de la evaluación se lleva a cabo para describir y cruzar los puntos de vista y las prácticas de diferentes actores, en temporalidades diversas, combinando el análisis de las compresiones retrospectivas y de las expectativas que las alianzas establecen dentro de su propio contexto. Las relaciones de autoridad, la pérdida de legitimidad en beneficio de relaciones de poder y de violencia adquieren una claridad particular a través de los relatos y los análisis de las personas que han tenido que vivir con “la violencia” en lugar de ejercerla. Tres momentos del análisis: la autoridad local en la época de las y los abuelos, las relaciones entre tres generaciones y la etnografía contemporánea de una boda, escudriñan la redefinición de los lazos entre generaciones y sus jerarquías, dando lugar a relaciones más igualitarias y a la modificación de las fronteras entre la alianza y la violencia.