Thèse soutenue

La lutte finale : l'URSS dans le débat politique et intellectuel en France de 1975 à 1991

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Auteur / Autrice : Hervé Chauvin
Direction : Bernard Lachaise
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire moderne et contemporaine
Date : Soutenance le 05/10/2012
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre d'études des mondes moderne et contemporain (Pessac, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Sébastien-Yves Laurent
Examinateurs / Examinatrices : Laurent Jalabert, Marie-Pierre Rey, Marc Lazar
Rapporteurs / Rapporteuses : Laurent Jalabert, Marie-Pierre Rey

Mots clés

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Résumé

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Depuis son origine, l'Union soviétique n'a cessé d'être en France l'objet d'un vif débat politique et intellectuel, un lieu de transposition des affrontements idéologiques hexagonaux. Alors que deux images contradictoires de l'URSS se sont formées au XXe siècle – celle de l'incarnation du socialisme et celle d'une dictature repoussante – la décennie qui débute en 1975 voit le triomphe en France de l'image noire du régime soviétique, dont le bilan est jugé complètement négatif, malgré une courte période d'interrogations suscitée par les réformes gorbatchéviennes. Cette évolution est le résultat d'un intense affrontement politique et idéologique hexagonal autour de la « réalité » du socialisme soviétique au moment où l'Union de la gauche propose un projet socialiste pour la France : l'Union soviétique se retrouve alors étroitement imbriquée dans les débats politiques, syndicaux, intellectuels français, constituant alors la ligne de démarcation principale entre communistes et non-communistes. La réintroduction du concept de totalitarisme, l'identification à la lutte de la dissidence est-européenne et la dénonciation de l'impérialisme soviétique pendant la période de « guerre fraîche » constituent les différentes facettes de cette lutte dont le résultat est le développement d'un fort antisoviétisme en France, allant jusqu'à une certaine remise en cause des relations bilatérales. L'amalgame entretenu entre les deux socialismes – de l'Est et de l'Ouest – contribue à la fois à la marginalisation du Parti communiste français qui peine à redéfinir ses relations avec les partis frères, de l'affirmation du « socialisme aux couleurs de la France » au bilan « globalement positif » des pays de l'Est, mais affecte aussi de manière plus générale l'idée de socialisme en France. Après des années de sympathie pour le communisme, les intellectuels français basculent massivement dans un anticommunisme virulent: la substitution du binôme capitalisme/socialisme au profit du couple démocratie/totalitarisme se traduit par l'abandon des traditions révolutionnaires de la gauche française. La vision libérale de l'histoire triomphe alors, entraînant une condamnation totale et définitive du régime soviétique qui précède, de loin, sa fin en 1991.