Thèse soutenue

Passer et quitter la frontière ? : les migrants africains "clandestins" à la frontière sud espagnole
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Auteur / Autrice : Pauline Carnet
Direction : Angelina PeralvaEmma Martín Díaz
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 20/09/2011
Etablissement(s) : Toulouse 2 en cotutelle avec Universidad de Sevilla (Espagne)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Temps, Espaces, Sociétés, Cultures (Toulouse)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Olivier Pliez, Ana María López Sala
Rapporteurs / Rapporteuses : Michel Agier, Arón Cohen Amselem

Résumé

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Cette thèse porte sur les conditions de passage clandestin des migrants africains à la frontière sud espagnole ainsi que sur leurs logiques d’insertion dans la province andalouse d’Almeria et au-delà, dans l’espace européen. Interrogeant le rapport de force entre migrants et État, cette thèse insiste sur les capacités des migrants à la mobilité et met en lumière l’ambivalence des institutions gouvernementales, en partie liée à la fonction économique des migrants clandestins. Les articulations entre les stratégies des migrants clandestins et les logiques des institutions et des acteurs locaux y sont analysées à partir de la description des interactions, des transactions et des conflits, entre les migrants nouveaux venus, ceux anciennement installés, les ONG, les patrons, les forces de police, etc. L’approche compréhensive de l’expérience des migrants avant et après le passage de la frontière a révélé l’importance des réseaux sociaux dans l’entrée en Europe et dans la recherche d’un logement, d’un emploi et de papiers ; tout en soulignant la fonction du milieu associatif espagnol pour les migrants les plus vulnérables. D’un côté, les institutions gouvernementales oscillent entre contrôle et tolérance ; de l’autre, les migrants évoluent entre contraintes et stratégies, régularités et irrégularités. Leur migration, construite par étape, constitue alors un véritable « jeu de l’oie ». Almeria représente ainsi une étape où chercher des papiers. Cette province spécialisée dans l’agriculture possède une économie souterraine « à découvert » : elle est connue de tous et bénéficie de la complicité des autorités. Almeria centralise ainsi les migrants africains en situation précaire récemment arrivés ou déjà présents en Europe. Cette thèse propose donc de qualifier les mobilités de ces migrants clandestins « d’errance maîtrisée », maîtrise qui se fait essentiellement à travers les relations sociales et la constitution de réseaux sociaux. L’attention portée aux modalités de construction du projet migratoire après le passage de la frontière a également permis de faire émerger la notion d’ « instance zéro ». Il s’agit d’un espace-temps « autre », d’une instance intermédiaire entre le passage de la frontière et l’insertion dans l’espace européen ; un temps plus ou moins long caractérisé par la répétition de situations élémentaires de survie qui autorisent l’exploitation maximale du migrant, lequel cherche alors les moyens d’éviter cette répétition ou d’en sortir.