Thèse soutenue

Le fantastique littéraire en France et en Roumanie. Quelques aspects au XIXe siècle : une rhétorique de la (dé)construction ?
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Auteur / Autrice : Silvia Adriana Apostol
Direction : Francis ClaudonAlexandrina Mustatea
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langue et Littérature Françaises
Date : Soutenance le 10/09/2011
Etablissement(s) : Paris Est en cotutelle avec Universitatea din Pitești. Facultatea de Litere (România)
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale Cultures et Sociétés (Créteil ; 2010-2015)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : LIS - Lettres Idées Savoir
Jury : Président / Présidente : Laura Badescu
Examinateurs / Examinatrices : Francis Claudon, Alexandrina Mustatea, Livia Titieni
Rapporteurs / Rapporteuses : Nicolae Ioana, Yvonne Goga

Résumé

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Cette thèse se propose d’analyser le fantastique littéraire en France et en Roumanie par une méthode double : l’histoire des influences et des transferts culturels (approche diachronique) et l’étude de certains aspects communs aux textes fantastiques identifiés dans la poétique de la (dé)construction (approche synchronique).Le corpus comprend des contes fantastiques provenus des espaces littéraires du XIXe siècle français (Mérimée, Gautier, Maupassant, Villiers de l’Isle-Adam ou Barbey d’Aurevilly) et roumain (Mihai Eminescu, Ion Luca Caragiale, Gala Galaction et Mateiu Caragiale). Bien que certains récits de ces derniers dépassent de peu le cadre strictement temporel du XIXe siècle, le choix est motivé par un certain décalage temporel entre les deux littératures, par l’appartenance de ces écrivains à une première étape du fantastique littéraire roumain et, dans le cas de Mateiu Caragiale, par l’intertextualité explicite avec Le rideau cramoisi de Barbeyd’Aurevilly.L’étude prend comme fil conducteur l’idée de (dé)construction, prise non pas dans le sens philosophique de la méthode déconstructionniste conçue par Derrida, mais dans la lignée de la thèse formulée par Irène Bessière, notamment le double mouvement qui traverse le récit fantastique, la construction et la déconstruction d’univers.Dans la première partie, la (dé)construction est rapportée au niveau de l’onomastique du fantastique (histoire du mot et de ses dénominations), car le terme « fantastique » est associé aux récits d’Hoffmann dans la traduction fautive de Loève-Veimars et un discours théorique et critique est construit à partir de Charles Nodier. La (dé)construction est aussi envisagée du point de vue de l’identité du fantastique en tant que genre littéraire. D’un côté, le fantastique puise ses sources, surtout thématiques, à la matière des mythes, des textes religieux, des croyances populaires, des légendes, des idéologies, des progrès scientifiques, etc. De l’autre côté, le remaniement fantastique (sa poétique) consiste à construire un « rapport fantastique » entre le réel et les autres éléments généralement considérés comme surnaturels, invraisemblables ou impossibles donnés pourtant comme sérieux, perceptibles et donc possibles.La deuxième partie déroule un panorama d’histoire littéraire comparée franco-roumaine, où sont mises en question deux figures étrangères, Hoffmann et Poe, ainsi que les particularités de l’émergence du fantastique dans la littérature française et dans la littérature roumaine, liées au romantisme dans les littératures ouest-européennes, et au légendaire et au magique dans la littérature roumaine. On parle de (dé)construction des modèles étrangers – jeu de traduction chez Ion Luca Caragiale, imitation chez Nicolae Gane, etc. – et de construction d’un discours fantastique autochtone.La troisième partie analyse quelques aspects qui caractérisent la rhétorique du fantastique, en soulignant les procédés par lesquels l’art de la persuasion se manifeste paradoxalement tant comme garantie que comme sape des stratégies textuelles : la littéralisation des figures au niveau de la fiction ; l’hypervisibilité des figures (l’hyperbole, l’hypotypose) ; le résidu littéral du discours figuré en tant que principe de suggestion du surnaturel, l’objet en tant qu’indice réaliste et support des « déviations » fantastiques