Thèse soutenue

Traitements probabilistes implicites de la perception ambigüe en vision humaine

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Auteur / Autrice : Adrien Chopin
Direction : Pascal Mamassian
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance en 2011
Etablissement(s) : Paris 5

Mots clés

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Résumé

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La bistabilité est une surprenante alternance de l’apparence d’un stimulus entre deux interprétations de ce stimulus. Elle a lieu lorsqu’une stimulation physique est très ambigüe, comme lorsque l’on présente une image dans un œil très différente de l’image de l’autre œil (rivalité binoculaire). La bistabilité implique de (1) décider que le stimulus est bistable ; (2) sélectionner le premier percept ; (3) supprimer l’autre percept ; (4) décider quand alterner. Tandis que les deux dernières étapes sont très étudiées, les deux premières étapes restent encore mal connues. Ici, nous approfondissons les connaissances sur les mécanismes qui décident la rivalité plutôt que la fusion (étude 4), sur le choix du premier percept (études 1 à 5) et sur la dynamique bistable (étude 1 et 3). Notamment, la littérature actuelle favorise une explication bas-niveau de la rivalité binoculaire, c’est-à-dire ayant lieu dès les premières étapes de traitement cognitif, avant tout traitement complexe. Le but principal de cette thèse est de clarifier l’influence potentielle sur la rivalité de traitements probabilistes et donc plus complexes. J’ai étudié (1) l’influence de l’utilité d’une interprétation sur la bistabilité ; (2) la manière de changer les préférences bistables ; (3) la spécificité du ou des premiers percepts ; (4) l’influence d’illusions d’orientations sur la stéréo-fusion et la rivalité ; (5) l’influence du passé sur le percept bistable, sous la forme de prédictions du système. J’ai trouvé : (1) qu’une interprétation utile est perçue plus souvent sur le premier percept d’un épisode de rivalité binoculaire. Cette influence est implicite, non-attentionnelle et implique des calculs probabilistes sur l’utilité d’un percept. (2) que l’utilité peut modifier les préférences en rivalité de transparence de mouvement et que ces préférences ont donc pour rôle de favoriser la réussite à une tâche. (3) que le premier percept de la rivalité binoculaire n’est pas le seul à être différent des autres et que le contrôle volontaire est plus fort au début d’un épisode bistable pour le percept non-favorisé. (4) que l’étape de contraste illusoire entre orientations occupe une position hiérarchique plus basse que les étapes de vision stéréoscopique et de rivalité. (5)une forte corrélation positive entre le passé visuel ancien et l’orientation perçue en rivalité binoculaire. Nous expliquons ce résultat par un modèle d’adaptation prédictive selon lequel le système visuel prédit le prochain percept tel que la distribution récente des orientations corresponde à une distribution plus ancienne. Ici encore, des calculs probabilistes sont impliqués. En résumé, ce travail démontre principalement l’existence de traitements probabilistes en perception ambigüe, par l’intermédiaire d’un calcul d’utilité et de prédictions dans l’adaptation.