Thèse soutenue

"Le silence s'essouffle". Les expressions de la mort, du deuil et de la mémoire chez les compositeurs de cultures juives ashkénazes. Europe Centrale et Orientale, Etats-Unis (1880/1980)

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Auteur / Autrice : Jean-Sébastien Noël
Direction : Didier Francfort
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 16/03/2011
Etablissement(s) : Nancy 2
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale Langages, Temps, Sociétés (LTS) (Nancy-Metz)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : CERCLE - Centre de Recherche sur les Cultures Européennes - JE 2475
Jury : Président / Présidente : Annette Wieviorka
Examinateurs / Examinatrices : Jean El Gammal, Philippe Gumplowicz, Pascal Ory

Résumé

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Si selon le psychiatre Jacques Hassoun « le judaïsme n'est pas une religion funèbre », l'ensemble des mondes juifs n'est toutefois pas réductible au seul aspect religieux et l'expression de ses courants musicaux aux seuls répertoires liturgiques. Parler de cultures juives au pluriel permet d'envisager toute les nuances du sentiment d'appartenance autour du deuil et des thématiques funèbres. Cette étude, dont l'étendue chronologique (1880-1980) permet de prendre ancrage dans un long XXe siècle, fait le choix d'espaces en mutations et en mouvements. Plutôt que de se concentrer sur la « zone de résidence » ou sur les capitales culturelles européennes, elle s'inscrit dans un axe Europe orientale - Europe centrale - États-Unis, afin de prendre en compte les logiques de transferts, de contre-transferts et plus encore de maillages culturels, en prenant soin de distinguer entre des contextes bien spécifiques. Une étude des cadres rituels et des réseaux sociaux au sein desquels les compositeurs s'inscrivent, permet dans un premier temps d'envisager les conditions et les contraintes variables propres au travail d'écriture musicale sur des thématiques funèbres, qu?il s'agisse de musique liturgique ou de musique profane. Afin d'espérer appréhender l'immense diversité des attitudes et des expressions musicales face à la mort du quotidien comme face à la mort « ensauvagée » des pogroms et du génocide, il s'avère nécessaire de prendre en compte l'évolution des espaces vécus et des réseaux de création musicale, au regard des bouleversements et des moments de rupture. De ce fait, la Shoah s'avère un point nodal dans l'histoire des formes musicales : il s'agit alors de s'attacher aux modalités de création et de diffusion des chants de mort et de deuil dans les camps et dans les ghettos ainsi qu'à la transmission de cette mémoire, à partir de traces musicales souvent fragmentaires ou transmises oralement. Enfin, cette thèse s'attache, dans sa dernière partie, aux représentations et aux phénomènes d'appropriation de ce répertoire et de cette mémoire dans l'après-guerre, comme révélateurs d'angoisses et d'un nouveau rapport au deuil collectif et individuel.