Thèse soutenue

De l'expérience du racisme à sa politisation : mobilisations et représentation des "victimes" en France et en Allemagne aujourd'hui

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Auteur / Autrice : Soline Laplanche-Servigne
Direction : Nonna MayerUlrich Bielefeld
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance en 2011
Etablissement(s) : Paris, Institut d'études politiques en cotutelle avec Technische Universität (Darmstadt, Allemagne)

Résumé

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Fondée sur une enquête de terrain comparative en France et en Allemagne, la présente thèse a pour objectif de comprendre pourquoi et comment se constituent des mobilisations de « victimes de racisme » dans des sociétés « antiracistes », définies ici comme des sociétés ayant mis en œuvre des politiques de lutte contre le racisme et la discrimination raciale depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. La thèse analyse le processus de politisation visible dans l’action protestataire de « racisés ». Il s’agit d’acteurs se regroupant en vertu du partage d’un phénotype ou d’origines immigrées et de l’expérience commune du racisme. La figure de « victime » est appréhendée de manière constructiviste : il s’agit d’analyser la production d’un statut de « victime de racisme » par les acteurs mobilisés et leurs différentes manières de devenir des victimes politiquement pertinentes afin de faire valoir leurs demandes. Leur constitution d’identités collectives « racisées », leurs actions menées dans un espace des mouvements sociaux ainsi qu’au sein du champ politique partisan et les répertoires d’action investis, montrent que ces mobilisations de « victimes » sont à la fois des luttes « pour » et des luttes « contre ». Les théories de la reconnaissance permettent en effet de penser ces mobilisations comme des demandes d’égalité mais aussi de visibilité sociale et politique. La demande fondamentale de ces acteurs mobilisés en tant que « racisés » est la reconnaissance de leur appartenance pleine et entière au corps national et le droit à une représentation politique et sociale en son sein – dans les institutions politiques mais aussi dans le récit historiographique de la nation.