Thèse soutenue

Les musiciens de variété à l'épreuve de l'intermittence : des précarités maîtrisées ?

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Auteur / Autrice : Laetitia Sibaud
Direction : Jean-Pierre Durand
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 01/04/2011
Etablissement(s) : Evry-Val d'Essonne
Ecole(s) doctorale(s) : Sciences de la société
Jury : Président / Présidente : Philippe Coulangeon
Examinateurs / Examinatrices : Stephen Bouquin, François Aballea
Rapporteurs / Rapporteuses : Christophe Ramaux, Bruno Péquignot

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Mots clés libres

Résumé

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Le régime spécifique des intermittents du spectacle et leurs conditions de vie font débat dans la société française, comme en témoigne d’importants mouvements sociaux marquant épisodiquement la scène politique. Ce contexte économique et social invite à interroger les conditions d’emploi, de travail et de vie des musiciens intermittents par une enquête qualitative recouvrant une soixantaine d’entretiens auprès de musiciens auteurs, compositeurs et/ou interprètes, complétée par une immersion de deux années dans des réseaux professionnels parisiens et lyonnais. L’intermittence et la précarité n’étant pas circonscrites à un seul domaine, nous avons, pour répondre à ce questionnement, procédé à une analyse qui croise les sphères de l’emploi, du travail et des modes de vie, tout en démontrant leurs interdépendances. La première partie présente la flexiprécarité sécurisée de l’emploi intermittent où la discontinuité et la précarité de l’emploi intermittent sont, en partie, sécurisées par le régime des intermittents du spectacle. La deuxième partie aborde l’instabilité et l’imprévisibilité des revenus des musiciens qui sont, néanmoins, contrebalancées par la nature vocationnelle de l’activité ainsi que des satisfactions intrinsèques et extrinsèques du travail artistique. Cette partie permet de comprendre pourquoi des trajectoires aussi morcelées par la flexiprécarité de l’emploi attirent autant d’artistes. Enfin, la troisième partie traite des trajectoires professionnelles et du mode de vie des musiciens et permet de comprendre en quoi le rapport à l’emploi et au travail génère des effets concrets sur les modes de vie. L’analyse porte, plus précisément, sur les risques sociaux inhérents aux caractéristiques du métier, sur la déstructuration des rythmes de vie ainsi que sur la fragilité des liens sociaux, conjugaux et parentaux. En somme, cette thèse avance l’idée centrale selon laquelle les musiciens parviennent à surmonter ces précarités conjuguées grâce des points d’ancrage tels que le salaire socialisé (le régime des intermittents du spectacle), les réseaux de cooptation, les satisfactions au travail, les stratégies de diversification des activités ainsi que les solidarités familiales. La fragilité est donc compensée, dans une certaine mesure, par ces facteurs de stabilité, même si étant inégalement répartis entre les musiciens, ils renforcent les inégalités sociales. Cette mise en regard des conditions d’emploi, de travail et de vie des travailleurs musicaux permet de dégager leurs interdépendances, la manière dont les artistes les gèrent au quotidien ainsi que de saisir la complexité de la construction de leurs trajectoires socioprofessionnelles, tant d’un point de vue objectif que subjectif.