Thèse de doctorat en Musique et musicologie du XXe siècle
Sous la direction de Denis Laborde.
Soutenue en 2011
à Paris, EHESS .
De la musique de Xenakis à la littérature potentielle de l'OuLiPo, l'aléatoire mathématique, ou stochastique, représente une clé de lecture importante pour appréhender la fascination exercée sur toute une génération de créateurs par les possibles formalisations d'un hasard apprivoisé et mis au service de leurs démarches de création. Ce faisant, les recherches et les expérimentations créatives qu'Umberto Eco a regroupé, dès le début des années 1960, sous le terme de « poétiques ouvertes », s'emparaient des outils et des cadres conceptuels de l'étude des flux, de la cybernétique et des sciences cognitives naissantes pour renouveler et étendre le champ d'action d'une créativité approchant les limites du prévisible, du contrôlable et de l'intentionnel. Alors que la stochastique tend aujourd'hui à devenir un outil incontournable du développement d'algorithmes de génération de formes architecturales, son utilisation par des architectes au début du XXl ème siècle renvoie irrémédiablement aux questionnements qui ont traversé les différents territoires de la création, et plus particulièrement la création musicale, de la seconde moitié du XX ème siècle. L'objet de cette recherche est donc d'historiciser l'utilisation de la stochastique en architecture, et de thématiser, à partir de cas d'études spécifiquement choisis, la multiplicité des intentions et des contextes, des conditions et des limites qui ont sous tendu son appropriation par des architectes, ouvrant une interrogation du renouvellement instrumental et méthodologique de la conception architecturale pour affronter certains enjeux du développement de la ville contemporaine
Stochastics of contemporary city : from music to city, the mathematical randomness as a ressource or architectural design
From Xenakis's music to OuLiPo's potential literature, mathematical randomness, or stochastics, represents an important analytical axis to understand the fascination of a whole generation regarding the possible formalizations of a controlled chance, relevant to their specific creative process. Thus, researches and creative experimentations, linked to what Umberto Eco defined, in the early 1960's, as « open poetics », seized tools and conceptual frameworks of emerging flow analysis, cybernetics and cognitive sciences to renew and extend the action field of creative processes that challenge the limits of predictability, control and intentionality. As stochastics seems to become a crucial tool to develop generative processes of architectural forms, its application to architecture at the beginning of the XXl st century echoes irremediably with the questions that went through the different fields of creation, and more specifically of musical creation, during the second half of the XX th century. The object of this research is then to historicize the use of stochastics, and to propose specifically chosen cases of study that might help to understand the multiplicity of intentions and contexts, of conditions and limits that influenced its appropriation by some architects, in order to apprehend the instrumental and methodological renewal of architectural design to challenge the stakes of the development of contemporary city