Thèse de doctorat en Littérature française et comparée
Sous la direction de Andrée Mansau.
Soutenue en 2010
à Toulouse 2 .
La justice politique (1793) de William Godwin (1756–1836) est une étude philosophique très approfondie, fondant toute la théorie de la société humaine et des constitutions gouvernementales sur la raison et la morale, en ce que leurs principes ont de plus inaltérables. Il s’agit d'une oeuvre où l'auteur fait d'audacieuses révélations qui dépendent, selon lui, de la « Vérité ». Madame de Staël (1766-1817) est l'un des principaux écrivains français de l'époque impériale. Elle était la seule, à son époque, à avoir une position publique bien définie, non seulement dans le domaine familial mais également dans tous les autres domaines : social, politique, littéraire, artistique. La Révolution française bouleversa tous les écrivains contemporains de l'événement, tels Godwin et Mme de Staël, particulièrement sensibles à la question des principes humains, de la religion, de la morale, de la liberté, de la littérature et de la politique. Elle est à l'origine d'un grand renversement dans leur vie et à l'origine de leurs rêves respectifs d'une société idéale ou utopique. Chacun traite des problèmes sociopolitiques de la période révolutionnaire et propose de multiples solutions qui peuvent toucher de près les circonstances de la société de leur époque mais également du monde actuel et à venir. Nous comparons dans notre travail de thèse les théories de Godwin à celles de Mme de Staël, leur rapprochement respectif possible, leurs différences et leur source spirituelle commune : Jean-Jacques Rousseau. Les deux écrivains critiquent la mauvaise application de la liberté, de l'égalité, la mauvaise distribution des droits et la manière erronée de l'application des devoirs. Ils présentent, d'une manière critique ou romancée, la situation de la femme à cette époque avec ses multiples modèles de vie, à travers différents exemples féminins. Ils insistent et démontrent la nécessité et la valeur de l'éducation, de la conscience, de la vérité et de la tolérance dans la vie politique comme dans la vie religieuse, sociale et civile afin d'obtenir le gouvernement idéal et la société idéale dont chaque citoyen rêve. Ils soulignent particulièrement le lien qui existe entre le mensonge et la guerre, d'une part, et comment la conscience, la raison et la vérité sont liées à la paix, d'autre part. Ils insistent sur le fait que la violence, le meurtre et la guerre ne sont que les fruits de l'amour de soi, de l'égoïsme, du mensonge, de la haine et du fanatisme. Godwin et Mme de Staël tissent dans leurs ouvrages les traits d'une société idéale ou utopique qui est le fruit de leur souffrance intérieure. Les fondements de leur utopie respective se base en grande partie sur l'étude et l'analyse approfondies de réalités amères. Les deux écrivains y exposent des problématiques qui dénoncent certaines erreurs du passé, et ils essaient de proposer des solutions pour les générations de leur époque et celles du futur, comme le précise Godwin : « Un gouvernement erroné, dira-t-on, ne peut être regardé comme la première cause de l'existence de l'erreur et de la corruption des hommes, puisque le gouvernement lui-même, étant la production de l'intelligence humaine, doit ses défauts, s'il en a, à quelqu'imperfection antérieure dans l'intelligence qui l'a produit. ». C'est généralement un gouvernement injuste qui fait appel à la force ou à l'énergie de la société elle-même, paralysant, ainsi, son mouvement. De ce fait, au lieu de pousser la société à aller de l'avant, il la force à regarder en arrière, pour demander au passé la perfection. Mais, cette dernière n'est possible qu'à travers un regard libre vers le futur. Donc, le peuple ne peut obtenir son salut qu'à partir du moment où il conquiert sa totale liberté et une égalité absolue.
Ideal society and political justice in the works of William Godwin and Madame de Staël
The Enquiry concerning Political Justice (1793) of William Godwin (1756-1836) is a very detailed and philosophical study. He fonds the theory of human society and government constitutions, on reason, on morality and on their inalienable principles. The author presents bold revelations which depend, in his opinion, on « Truth ». Mme de Staël (1766-1817) is one of the principal French authors of the imperial time. She was the only one in her time who had a public and clearly defined position. Not only concerning the subject of Family but also all acreial fields : social, political, literary and artistic. The French Revolution moved all the authors contemporaneous with the event. Godwin and Mme de Staël, who were particularly sensitive to the question of human principales, of religion, of morals, of freedom, of literature and of politics. The Revolution is the origin of the big reversal in their lives and in their respective dreams of an ideal or utopian society. Each deals with sociopolitical problems of the revolutionary period and offers multiple solutions consely concerned with society of their time as well as that of today and tomorrow. We compare in our work Godwin's and Mme de Staël's theories, their possible connections, their differences and their spiritual and common source : Jean-Jacques Rousseau. The two writers criticize the wrong application of freedom, of equality, the wrong distribution of rights and the incorrect application of duties. They present, by a critical or fictional style, the woman's situation, in that time, through many models and various female examples. They insistes and demonstrate the necessity and value of education, of conscience and of tolerance in political life, and into the religious, social and civil lives, in order to get the ideal government and ideal society which every citizen dreams of. They particularly underline the link which exists between lies and war, on the one hand, and how conscience, reason and truth are linked to peace, on the other hand. They insist on the fact that violence, murder and war are the fruits of love of self, egotism, lies, hate and fanaticism. Godwin and Mme de Staël outline in their works the ideal or utopian society which is the fruit of their interior suffering. The foundations of their respective utopias are largely based on the study and in-depth analysis of bitter realities. Bouth authors set out the problematics which denounce some errors of the past, and try to suggest solutions for the generation of their time and of the future. As added by Godwin : « It might be said, that an erroneous government can never afford an adequate solution for the existence of moral evil, since government was itself the production of human intelligence, and therefore, if ill, must have been indebted for its ill qualities to some wrong which had previous existence ». It's generally an unjust government which calls on the strength or energy of society itself, thereby paralyzing it's mobility. By this, instead of pushing society to move forward, it forces it to look backward, to seek perfection in the past. But, this is only possible by boking freely toward the future. Thus, a people can obtain its salvation from the moment it gains its total liberty and absolute equality.