Thèse de doctorat en Histoire de l'art contemporain
Sous la direction de Christine Peltre.
Soutenue en 2010
à Strasbourg .
Quel corpus d’images ont constitué les artistes qui ont accompagné l’armée d’Afrique après la conquête d’Alger en 1830 et comment l’ont-ils réalisé ? Quelle a été la circulation de ces images ? Dans quelle mesure ont-elles joué un rôle majeur dans la constitution de l’orientalisme européen au XIXe siècle ? Telles sont les questions auxquelles nous avons voulu répondre dans cette thèse. Entre 1830 et 1850 la conquête militaire et politique de l’espace algérien s’accompagne de la diffusion de créations textuelles et visuelles (estampes, dessins, peintures, photographies et sculptures) qui modèlent ce territoire. En quelques décennies, un déploiement de représentations et de formes contradictoires, relativement autonomes, atteint le public européen. La circulation de ces motifs orientalistes profite de l’expansion des procédés industriels dans le domaine des productions visuelles. Ces images sont chargées d’affects qui investissent jusqu’ à aujourd’hui nos différents regards. Comprendre la genèse de ces images suppose d’interroger les rapports complexes entre producteurs de formes artistiques et autorités militaires et politiques qui imposent le nouveau cadre colonial en Algérie. La plupart des artistes à qui l’on doit les images les plus fortes dans la culture visuelle du XIXe siècle se sont en effet enrôlés aux côtés des militaires. Il a fallu retracer le parcours des créateurs qui ont rapporté d’Algérie leurs expériences les plus proches du terrain, élaborant des représentations qui appartiennent certes aux fantasmes « orientalistes », mais reposent aussi sur des perceptions de la réalité.
The Army of Africa and the representation of Algeria under the Monarchy of july
Many artists followed the Army of Africa after the conquest of Algiers in 1830. What corpus of pictures did these artists constitute and how did they achieve it? How did these pictures get around? To what extent did they play a role in the formation of the European orientalism during the XIXe century? These are the questions we wanted to answer in this thesis. Between 1830 and 1850 the military and political conquest of the Algerian space comes with the diffusion of textual and visual creations (engravings, drawings, paintings, photographs and sculptures) that shaped the algerian territory. In a few decades, a spreading of contradictory and relatively autonomous representations reached the European public. The circulation of these orientalist features took advantage of the expansion of the industrial processes in the domain of image-making. The affects carried by these pictures influenced our gaze durably, and are still active today. Any understanding of the genesis of these pictures implies a review of the complex relationships between image-makers, and military or political authorities that imposed the new colonial setting in Algeria. Most artists to whom one owes the strongest pictures of the XIXe century visual culture were themselves enlisted among the soldiers. This work argues that it has become a necessity to trace back the path of these artists and image-makers that returned from Algeria with their experiences of the land, elaborating representations that belong without any doubt to the ‘orientalists’ fantasies, but also rest upon a particular perception of reality.
Cette thèse a donné lieu à une publication en 2015 par CTHS à [Paris] et par Institut national d'histoire de l'art à
Représenter l'Algérie : images et conquête au XIXe siècle