Thèse soutenue

La fille enterrée vivante : regard sur la position féminine d'Arabie

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Auteur / Autrice : Amal Alzahrani
Direction : Marianne Baudin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance en 2010
Etablissement(s) : Paris 13

Mots clés

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Résumé

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Nous partons du constat selon lequel l’image de la femme et au-delà même, la position féminine en Arabie est dégradée, inférieure à celle de l’homme. Cette position féminine encline à l’exclusion et l’infantilisation est le revers d’un pouvoir masculin démesuré sur la femme. Notre travail consiste à étudier les remaniements qu’a subis cette position en Arabie. Le regard que nous porterons sur celle-ci a nécessité la traversée et l’étude des grandes périodes fondant l’histoire de l’Arabie, nous permettant ainsi de mieux appréhender son devenir actuel. Notre recherche a pour point de départ la période antéislamique (VI siècle J. C), une période où l’infanticide de fillettes était un droit parental sans qu’il ne soit ni sanctionné ni puni. Cet infanticide relevait d’une violence particulière puisqu’il consistait à ce que le père enterre sa fille vivante, celle-ci étant perçue comme une honte. A travers un aperçu historique, nous avons sollicité les apports de la psychanalyse pour tenter d’éclairer les processus psychiques qui pousseraient, à cette période, les pères à commettre ce meurtre. En interrogeant la théorie de la séduction narcissique, de la séparation, le complexe d’Œdipe et l’inceste, nous avons tenté de dépeindre le tableau clinique de ces pères. L’analyse de cette partie historique démontre aussi la provenance de cette honte féminine ainsi que les raisons qui entachent l’honneur Paternel , affecté par cette progéniture féminine. L’examen de la honte masculine et féminine évoque la problématique de la culpabilité ainsi que sa transmission. Nous ouvrons ensuite la voie vers la période islamique et son rôle signifiant dans la position féminine d’Arabie. Cette période marque l’arrêt de ce type infanticide. Cependant elle contribue, entre autres, à maintenir au sein de la culture la réclusion de la femme. À travers la clinique des deuils pathologiques nous dévoilons comment la représentation du père antéislamique reste persistante dans la psyché des arabo-musulmans. Les mesures de confinement, de réclusion et de voilement qu’ordonne l’Islam aux femmes, nous les concevons comme une substitution à l’enterrement des filles. Dans quelle mesure le passé pourrait-il influencer l’actuel de la position féminine d’Arabie? Quel est le rôle joué par la tradition islamique dans ce que vit la femme saoudienne? Sous un abord psychanalytique, telles sont les questions finales auxquelles ce travail tente d'apporter quelques réponses.