Auteur / Autrice : | Charlotte Parmantier |
Direction : | Catherine Louveau |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences du sport |
Date : | Soutenance en 2010 |
Etablissement(s) : | Paris 11 |
Partenaire(s) de recherche : | autre partenaire : Université de Paris-Sud. UFR STAPS d'Orsay (Essonne) |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Si toutes les pratiques sportives ne sont pas considérées par l'islam comme aussi transgressives les unes que les autres, souvent les références à cette religion et à la « culture maghrébine » freinent ou remettent en question l'engagement des filles d'immigrés maghrébins dans certains sports. Nous avons, dans cette recherche, souhaité comprendre les raisons d'un engagement différencié dans deux activités sportives : l'une « masculine» - le football - dans laquelle ces jeunes filles sont proportionnellement plus nombreuses que les non-maghrébines, l'autre « féminine» - la gymnastique - dans laquelle elles sont très peu représentées. Nous avons posé comme hypothèse que la pratique d'un sport masculin, à l'image du football, pouvait être moins transgressive en raison d'une dimension esthétique et érotisée du corps moins présente qu'en gymnastique (Tilli, 2002). Il nous a fallu analyser les conditions sociales conduisant à la double inscription de ces filles dans une pratique sportive « sexuée» d'une part, et religieuse d'autre part, mais aussi repérer les dispositions construites dans les différentes instances de socialisation, hétérogènes et possiblement dissonantes (Lahire, 2005a). Nous avons questionné la transgression possible, dans le cadre d'une pratique sportive, des normes culturelles, religieuses et familiales, et en avons, corrélativement, évalué le niveau. L'enjeu de ce travail tient dans l'étude de l'impact des différentes formes de socialisation sur la construction des dispositions sexuées, sportives et religieuses de filles d'immigrés maghrébins inscrites dans une pratique sportive « masculine» ou « féminine» et des imeractions qui en résultent. Notre recherche s'est appuyée sur une enquête quantitative - étude statistique de noms relevés dans les fichiers informatiques des fédérations de gymnastique et de football et questionnaires proposés à des sportives licenciées - et une enquête qualitative basée sur des entretiens biographiques. La socialisation secondaire apparaît plus marquée chez les gymnastes du fait d'un engagement précoce dans l'activité sportive et ses effets les amènent à interroger, voire à remettre en question leur socialisation primaire. Pourtant, chez des footballeuses intégrant sur le tard des pratiques en club, les stratégies de « contournement » et les « bricolages identitaires » (Dubar, 2000) montrent également que le sport, instance de socialisation secondaire, vient parfois « contester» la socialisation familiale. La pratique sportive propose un espace de socialisation qui active et mobilise des dispositions spécifiques et permet aux filles de modifier leur positionnement vis-à-vis des normes sociales, sexuées, familiales et religieuses. La multiplicité et l'hétérogénéité des espaces de socialisation expliquent ainsi la possibilité d'un investissement conjoint des filles d'immigrés maghrébins dans une activité sportive fortement sexuée et une pratique religieuse plus ou moins assidue.