Thèse de doctorat en Histoire du monde moderne
Sous la direction de Thomas Gomez.
Soutenue en 2010
à Paris 10 .
Trois sont les sujets auxquels nous nous sommes intéressés au cours de notre rechercher : la problématique du lecteur et de la pratique de la lecture, la Compagnie de Jésus comme institution savante et culturelle, et les bibliothèques que les jésuites possédaient entre le XVIe et le XVIIIe siècle. Nous devons faire une mention particulière au décryptage des inventaires de temporalidades, rédigés après l'expulsion de l'Ordre en 1767, trouvés aux Archives Nationales du Chili. Ce décryptage permettra de montrer pour la première fois le contenu des bibliothèques jésuites chilienne. La question de savoir qui était l'utilisateur et qui le lecteur dans ces bibliothèques m'a conduit à m'interroger sur la condition individuelle du lecteur qui apparaissait dans les textes théoriques analysés, et à développer un point de vue nouveau autour des réflexions sur les travaux des auteurs les plus importants pour le développement de ce champ de recherche. Le lecteur qui est visé par notre recherche ne s'agit pas d'un individu parce que dans chaque collège jésuite habitait un ensemble de membres de l'Ordre, qui suivaient les mêmes principes et les mêmes normes de vie et qui se formaient en pratiquant les Exercices Spirituels d'Ignace de Loyola et à travers le contenu du Ratio Studiorum, grâce auxquels ils apprenaient à lire et à écrire d'une manière particulière et en étant encadrés par les Constitutions et par la Règle de l'Ordre. Ces caractéristiques m'ont fait voir les évidences empiriques qui justifient la construction d'une notion qui puisse expliquer la pratique de la lecture d'une organisation. Ainsi a émergé l'idée du « lecteur collectif ». L'enquête est délimitée par un question directrice qui vise la recherche d'une explication pour comprendre le rôle de la lecture et des livres dans la constitution de l'identité à caractère savant. Autrement dit, comment une organisation devient un lecteur collectif, et en même temps, comment cette condition de lecteur collectif marque son identité.
A collective reader : the Society of Jesus (XVI-XVIII centuries)
Three main subjects underlie our research : firts, the questions around the reader and the practice of reading; second, the Jesuit Order as an institution dealing with knoxledge and culture; third and finally the libraries that the Jesuits created and owned the WVI and XVIII centuries. On the libraries, it deserves special mention the original transcritpion and deciphering of the manuscripts of 'temporalidades », drafted after the expulsion of the Jesuits from the domains of the Spanish Crown that I found in the National Archives of Chile. The question of knowing who was the user and who was the reader in these libraries, lead me naturally to question the individual nature of « the reader » in the theoritical texts and analyzed and to develop a reinterpretation of this theoritical corpus. The reader in our research is not an individual. In each Jesuit College lived a group of members of the order that had access to the libraries. They had been formed practicing Ignace de Loyola's Spiritual Exercises, followed the same principles and norms of life and through the contents of the ratio Studiorum, they learned to read and write in a particular wa. These features of the Jesuit Order provided me withe empirical evidence underlying the construction of a notion that could explain the practice of reading in an organization. In this way that the idea of a « collective reader » emerges. The domain of research is delimited by a key guiding question that demands the search for answers to understand the role of reading and of books in the constitution of the identity of an institution of knowledge. In other words, how an organization transfoms itself into a « collective reader », and at the same time, how this condition of being a collective