Thèse de doctorat en Philosophie
Sous la direction de Laurence Cornu et de Emilio de Ipola.
Soutenue en 2010
à Paris 8 .
La thèse soutient l’idée selon laquelle il est possible de configurer un lieu pour l’autorité qui permette des processus de subjectivation politique, autorité reformulée en tant qu’espace de relations et d’action politique émancipatrice, qui entre en tension et est fortement liée au principe d’égalité. L’apparent paradoxe d’une « autorité égalitaire » part d’une critique du concept d’autorité comme relation de domination et propose de recréer des formes et des relations de production de subjectivité à partir de la pensée de l’égalité de Jacques Rancière. Cette conceptualisation nouvelle de l’autorité appartient à un espace de pensée qui se situe entre les disciplines et cherche à questionner des scènes, des positions, des relations et des manières de faire et de penser l’éducation et la transmission en reprenant tout d’abord le texte de Rancière « Le maître ignorant » (1987) et en construisant des rapports avec d’autres pensées philosophiques : Arendt, la fondation et le récit ; Hobbes : l’autorité comme fiction ; Kojève : la reconnaissance et Foucault : l’ « attitude de la modernité » et le « souci de soi ». La configuration de l’autorité ainsi reformulée conduit à analyser des scènes scolaires en proposant une pensée sur l’expérience-événement, la subjectivité politique et la trajectoire éducative. A contre courant d’un ordre qui confirme l’inégalité, ces configurations d’autorité nouvelles se déplacent vers une certaine autorisation et donnent lieu à une autorité du récit ; elles vérifient l’égalité à travers le tracé d’autres lieux et d’autres partages du sensible où les élèves et les maîtres –tous et n’importe lequel- peuvent apprendre, être écoutés dans leur parole, et se voient autorisés à prendre part à un « commun » à partir de leur singularité.
This thesis propose the possibility of setting places for authority, so that it could achieve a process of subjectivation. This autohority is expressed and thought in new termes : “relations between”, “political acting”, “emancipation”, all strongly linked with equality as a principle. An egalitarian authority is no paradox since it is issued from a critical analysis of authority considered as domination, and is linked with the process of subjectivation elaborated by Jacques Rancière. This way of conceiving authority is situated between matters and put in question the different thoughts about education. A first analysis is proposed with "Le maître ignorant" (Rancière, 1987), seaking links with with others philosophers : Arendt, foundation and story; Hobbes, authority as a fiction; Kojève and recognition, Foucault and modern attitude. To conceive authority in these terms the thesis leads to a study of scholar scenes and to propose a theory of experience-event, political subjectivation and educational trajectory. Against an organisation that produces inequality, this new configuration of authority turns out to be an authorization such a practice that makes equality effective, when pupil and teacher, all and each one, are able to learn, to be heard when they says, to share a “common” produced with and from their own singularity.
La tesis propone que es posible configurar un lugar de autoridad habilitante de procesos de subjectivación política, reformulado en tanto espacio de relaciones y de acción política, en tensión y vínculo con el principio de igualidad. La aparente paradoja, la de una "autoridad igualitaria", parte de la crítica al concepto de autoridad como relación de dominación y propone recrear formas y relaciones productoras de subjetividad, emancipatorias, tanto en quienes enseñan como en quienes aprenden. Esta nueva conceptualización de la autoridad se genera desde un espacio de pensamiento situado entre disciplinas, que busca replantear escenas, posiciones, relaciones y modos de hacer y pensar en educación : el lugar del maestro, del alumno, la relación pedagógica, la enseñanza, la transmisión. Se interroga particularmente esta concepción nutriéndose en primera instancia del texto de Rancière "Le maître ignorant" (1987) y se construyen vínculos con otros pensamientos filosóficos que dan lugar a la concepción de autoridad de modos diferentes y, en ciertos casos confluyentes, como el de Arendt : la fundación y el relato, Hobbes : la autoridad como ficción, Kojève : el reconocimiento y Foucault : la "actitud de la modernidad" y el "cuidado de sí". La configuración de autoridad reformulada conduce a adentrarse en el terreno educativo/escolar, analizando escenas escolares y proponiendo nuevos recorridos teóricos en torno a un pensamiento sobre la experiencia-acontecimiento, la subjetivación política y la trayectoria educativa. A contramano de un orden confirmatorio de desigualdad, estas configuraciones se desplazan hacia la autorización y dan lugar a la autoridad del relato; verifican igualidad mediante el trazado de otros lugares y otras particiones de lo sensible donde los alumnos y los maestros - todos y cualquiera - pueden aprender, ser escuchados a través de su palabra, verse habilitados a tener parte en un "común" desde su singularidad.