Thèse soutenue

Le courage de l'équivoque : politiques des "Fables" de La Fontaine

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Auteur / Autrice : Arnaud Welfringer
Direction : Marc Escola
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature française
Date : Soutenance en 2010
Etablissement(s) : Paris 8

Mots clés

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Résumé

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Comment les Fables, qui délivrent elles-mêmes leur propre commentaire dans leur moralité, ont pu susciter de multiples interprétations politiques ? La première partie étudie d’abord les opérations herméneutiques des commentaires politiques des Fables (ch. I-iv), puis trouve dans les théories classiques de l’apologue un mode de lecture, rhétorique, à l’aune duquel les Fables se caractérisent par une pluralisation de l’interprétation ou équivocité (ch. V-vi). Les interprètes inscrivent les Fables dans un face-à-face entre le poète et le roi : volens nolens, ils reprennent une scène, topique dans l’Antiquité, de parrêsia ou « courage de la vérité » (M. Foucault) : dire brutalement au prince la vérité de son être (èthos). La deuxième partie examine la pertinence de cette problématisation éthico-discursive de la politique aux XVIe et XVIIe siècles (ch. Vii-viii), puis dans les fables qui mettent en scène la parrêsia (ch. Ix). L’exigence parrésiastique est bien présente, mais infléchie : abandon de la brutalité, privatisation de la parrêsia, délégation de sa formulation aux princes eux-mêmes. La troisième partie étudie les Fables comme parrêsia réservée à l’interprétation du prince (elles exercent alors son jugement et sa prudence), mais lisible par d’autres lecteurs (ch. X). La Fontaine formule lui-même cette double destination entre prince et public (ch. Xi). Les Fables délivrent la vérité, non avec la brutalité antique, mais par l’équivoque : leur réception clivée se double d’alternatives herméneutiques, et le lecteur doit faire des choix interprétatifs qui définissent son èthos (ch. Xii). Cette équivocité est le résultat des opérations du fabuliste sur ses hypotextes (ch. Xiii). La politique des Fables suppose ainsi une éthique et une politique de l’interprétation (ch. Xiv).