Thèse soutenue

Temps et récit chez Walter Benjamin et Pier Paolo Pasolini

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Auteur / Autrice : Alain Naze
Direction : Alain Brossat
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance en 2010
Etablissement(s) : Paris 8

Résumé

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Etablissant un rapprochement entre Benjamin et Pasolini, cette thèse débouche sur le constat de véritables affinités électives entre eux, au point que leur attention commune à la question du langage ouvre chez tous deux sur une philosophie de l’histoire, vraiment thématisée chez le philosophe seulement. Le langage, sous sa forme non instrumentale, constitue chez les deux auteurs le terreau sur lequel un questionnement historico-politique, certes différencié, va germer, à la faveur d’un même angle d’attaque retenu - à l’encontre de la linguistique moderne - : celui de l’origine du langage. N’envisageant aucun retour à l’origine, la philosophie non nostalgique de l’histoire dont la structure s’est dégagée dans le moment précédent trouve une confirmation de son orientation dans le traitement de la question du récit, car si la forme orale, traditionnelle, de la transmission disparaît, il ne s’agit pas de la raviver pour autant, des formes inédites de récit devant s’imposer, à l’image du cinéma. On n’aboutit pourtant pas plus à une apologie de la modernité, l’attitude non réactionnaire de nos deux auteurs, notamment quant aux développements de la technique, s’expliquant par leur refus d’une transmission du passé entendue comme sa prise en charge sous une forme patrimoniale. Si le passé, en effet, reste riche de virtualités pour notre présent, ce n’est que sous la forme de sa faiblesse, et non à titre monumental, qu’une histoire des vaincus pourra s’écrire. La fiction littéraire pourrait bien constituer un vivier de formes en vue d’une transmission écrite de la tradition, en marge de l’histoire positiviste, pour laquelle seule existe l’histoire des vainqueurs, identifiée à la marche du progrès. Au souvenir (Andenken) comme forme d’évocation du passé, il s’agirait de substituer la remémoration (Eingedenken) comme reviviscence du passé, point capital manifestant, entre Benjamin et Pasolini, une connivence d’autant plus profonde qu’elle est indirecte, puisant à la commune source proustienne.