Thèse de doctorat en Arts des images et art contemporain
Sous la direction de Georges Bloess.
Soutenue en 2010
à Paris 8 .
L'art, pour moi, c'est s'identifier à l'"Autre". La présente thèse est une recherche sur ma création, en rapport avec la féminité et la sexualité qui m'obsèdent, et que des femmes artistes m'ont révélées. Tout au long de mon travail, la problématique de la femme artiste a évolué suivant deux axes : la différence des genres, et leur interprétation de la sexualité. Dans cette évolution esthétique, le souci et le doute éclairent et orientent mon travail vers un changement de mentalité créative. La féminité, qui ne correspond pas à un critère artistique, et la sexualité, qui n'est qu'un tabou, se manifestent pourtant dans l'art féminin. Cette anamnèse renforce la négativité de mon vécu (le Chora), en me ramenant à la source de ma recherche, et me conduit à la frontière des révoltes. L'art, c'est finalement l'espérance de se dépasser soi-même. Mon espoir est que chacune de mes œuvres incarne une renaissance. Je suis à la recherche d'une pensée réflexive et d'une thérapeutique psychologique dans la "sculpture de Soi". A travers le miroir mimétique, l'image de l'art s'associe à celle du désir dans l'anamnèse du corps et s'adapte dans une "négociation" culturelle (entre tabou et sacré, entre modèle et obstacle). L'association par similitude est "un contact" au sens figuré qui est indicible. J'ai "faim du Mot" dans la création. Le silence du désir se situe dans l'épochè de la sexualité, dans le doute de la féminité. Je m'introduis dans l'espace interactif du « je-tu(e)-elle », dont la réconciliation marque la libération. A travers un désir paradoxal, la motivation de ma recherche est de légitimer et de rétablir mon corps. Le but, ici, est de révéler que l'art est aussi divers, marginal et subversif dans ses conversions, tout comme le sujet du désir qui se résoud par sa libération.
TheSilence of desire : corporal space in women's art
For me, art is identifying oneself with the “Other”. This thesis, then, is an introspective examination of my work from the standpoint of femininity and sexuality – an obsession of mine that I became aware of thanks to other women artists. Throughout my work, the whole issue of woman as an artist has evolved along two lines : the difference between genders, and their respective interpretation of sexuality. Within this aesthetic evolution, anxiety and doubt have been inspiring and guiding me towards a change in my creative mentality. Though femininity is not an artistic criterion and sexuality is merely a taboo, they are nevertheless manifest in women's art. This anamnesis gives an added dimension to the negativeness of my personal experience (Chora), bringing me back to the origin of my quest, and leads me on towards the frontier of revolt. Ultimately, art is the hope to go beyond one's own limits/limitations, and it is my hope that each of my works is actually a rebirth. Through "self-sculpture", I am searching for a reflective methodology as well as for a form of psychological therapy. The mimetic mirror is linking the image of art to that of desire in the anamnesis of the body, an image that adjusts itself as in a cultural “negotiation” (between what is taboo and what is sacred, between model and obstacle). Figuratively speaking, the association by similarity constitutes a “point of contact” that is inexpressible. Creation is an expression of my thirst after the Word - to paraphrase Roland Barthe’s “j’ai faim du Mot”. The silence of desire occurs within the épochè of sexuality, the doubt as to one’s femininity. I enter the interactive space combining “I-you-she” whose reconciliation can finally lead to liberation. Based on such a paradoxical desire, my research and quest aim at legitimizing and reasserting my body. The intent here is to show that art can be as diverse, marginal and subversive in its manifestations as the subject of desire, whose liberation depends on its materialization.