Thèse soutenue

Extinctions et reconquêtes au cours des événements de la limite Permien-Trias : Les Ostracodes (Crustacea)

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Auteur / Autrice : Marie-Béatrice Forel
Direction : Sylvie Crasquin-Soleau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Micropaléontologie
Date : Soutenance en 2010
Etablissement(s) : Paris 6

Mots clés

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Résumé

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La transition entre le Permien et le Trias est marquée par des changements fondamentaux, aussi bien évolutifs qu’écologiques, pour les organismes. Après l’extinction ayant éradiqué plus de 90% des espèces marines, les biotopes montrent une longue période de récupération qui s’étale sur tout le Trias inférieur. Bien que les mécanismes exacts de cette extinction restent disputés, l’anoxie des eaux marines aurait joué un rôle prépondérant. La remontée de ces eaux anoxiques et sursaturées en bicarbonates sur les plates‐formes serait à l’origine de dépôts microbiens atypiques à la base du Griesbachien (zone H. Parvus). Ces microbialites ont été très longtemps considérées comme ne contenant aucune faune associée. Plusieurs sites de la Paléo‐ Téthys et de la bordure cathaysienne de la Panthalassa ont été échantillonnés pour l’étude des ostracodes dans des zones à différentes bathymétrie avec ou sans dépôts microbiens. Les ostracodes, microcrustacés benthiques marins, ont eux aussi beaucoup souffert de ces événements et montrent des faunes très appauvries voire inexistantes à la base du Trias. Leur récupération semble complète dans l’Anisien supérieur. D’importants assemblages d’ostracodes sont ici mis en évidence au sein des microbialites. Cette association semble traduire la bonne ressource alimentaire que constituent les bactéries (bacterial stripping) et l’activité photosynthétique assurée par ces dernières. Les caractéristiques des assemblages d’ostracodes montrent malgré tout l’influence du stress environnemental (abondance forte, diversité faible, variabilité intraspécifique). L’évolution de la taille des ostracodes des assemblages du Permien supérieur à la base du Griesbachien met en évidence la miniaturisation des formes dans les microbialites. Elles se regroupent dans des séries ontogéniques, indiquant qu’il s’agit ici de stades larvaires et non d’individus adultes. Les microbialites sont donc interprétées comme des milieux refuges au rôle tampon entre les conditions environnementales et les ostracodes. Les ostracodes des microbialites sont majoritairement des formes de milieux stables et non stressés (Bairdioidea) indiquant que les eaux de fond n’étaient ni anoxiques ni même dysoxiques sur ces zones de plate‐forme et que les microbialites sont indépendantes de la bathymétrie dans les limites de la zone photique. Les conditions paléoenvironnementales montrent des disparités pendant tout le Trias inférieur en fonction des régions paléogéographiques. La présence des microbialites à la base du Griesbachien masque les conditions circulatoires. Au Griesbachien supérieur, un upwelling d’eaux oxygénées est mis en évidence sur la face du Bloc de Chine du Sud baignée par la Panthalassa. Les faunes du Diénérien montrent des conditions plus délétères dans la Néo‐Téthys que dans la Panthalassa. Au Smithien, la Paléo‐Téthys apparait comme moins oxygénée et plus stressante que la Néo‐Téthys et la Panthalassa. Finalement, le Spathien et l’Anisien montrent à nouveau des conditions nettement compartimentées. Les reconstructions paléobiogéographiques mettent en évidence des liens continus entre la Panthalassa et la Paléo et Néo‐Téthys tout au long du Permien terminal – Trias inférieur.