Histoire et écologie des complexes de champs surélevés dans les savanes côtières de Guyane française
Auteur / Autrice : | Delphine Renard |
Direction : | Doyle Mc Key |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie des populations et écologie |
Date : | Soutenance le 15/12/2010 |
Etablissement(s) : | Montpellier 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | Systèmes Intégrés en Biologie, Agronomie, Géosciences, Hydrosciences, Environnement (Montpellier ; École Doctorale ; 2009-2014) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive (Montpellier) |
Jury : | Président / Présidente : Dominique Fresneau |
Examinateurs / Examinatrices : Doyle Mc Key, Dominique Fresneau, Clive G. Jones, Étienne Dambrine, Michel Raymond, Jacques Blondel | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Clive G. Jones, Étienne Dambrine |
Mots clés
Résumé
L'Amazonie a connu une longue histoire d'occupation humaine. La nature et l'échelle de l'impact des populations d'Amérindiens précolombiens sur leur environnement sont encore largement débattues. Dans une approche pluridisciplinaire, la thèse vise 1) à améliorer les estimations de l'étendue des remaniements anciens des paysages par l'Homme et 2) à comprendre comment ces remaniements affectent la structure et le fonctionnement des écosystèmes contemporains par l'étude des complexes de champs surélevés précolombiens des savanes côtières de Guyane française. Pour la mise en place d'une agriculture intensive sédentaire, les agriculteurs précolombiens ont transformé ces savanes saisonnièrement inondées en édifiant des champs sous la forme de buttes de terre circulaires produisant une hétérogénéité topographique marquée et organisée. Pour répondre au premier objectif, nous avons développé deux approches permettant de distinguer les paysages de buttes d'origine anthropique de ceux, dont la physionomie est très proche, résultant de processus naturels. Pour répondre au second objectif, nous avons décrit comment la structure des communautés d'ingénieurs naturels d'écosystèmes (fourmis, termites, vers de terre et plantes) répond à l'hétérogénéité induite par l'Homme, et comment les activités de ces ingénieurs assurent l'auto-entretien des anciens champs contre l'érosion depuis leur abandon il y a environ 800 ans. Notre travail révèle que l'étude de la dynamique temporelle de la végétation permet d'inférer l'origine des complexes de buttes uniquement lorsqu'elle combine différents proxys. L'analyse de la structure spatiale des buttes montre que les complexes de buttes de Guyane présentent une orientation souvent en grille carrée, orientation qui n'a jamais été montrée ni prédite pour des paysages d'origine naturel, indiquant que la géométrie du paysage peut porter la signature de l'intervention de l'Homme. Depuis l'abandon des champs surélevés, les communautés d'ingénieurs naturels se structurent, et concentrent leurs activités, dans les buttes. Nous avons montré que ces activités contribuent à maintenir des habitats surélevés contre l'érosion mais que les rétroactions qu'ils conduisent sur le sol sont modulées par les conditions initiales du milieu. Le paysage observé actuellement dans les savanes de Guyane n'est ni entièrement façonné par l'Homme, ni entièrement naturel mais résulte de l'interaction complexe entre les composantes physiques et biotiques et de l'héritage des activités anciennes de l'Homme. Le résultat de ces interactions est reflété par une mosaïque de buttes plus ou moins érodées. Notre travail représente la première étude montrant l'impact à long terme des activités anciennes de l'Homme sur les écosystèmes de savanes en Amazonie. Nos résultats présentent des applications importantes dans le domaine de l'ingénierie écologique pour la conception de nouveaux agroécosystèmes durables.