Thèse soutenue

Mécanismes moléculaires associés aux changements d'épissage de Tau dans une Tauopathie, la dystrophie myotonique de type 1

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Auteur / Autrice : Hélène Tran-Ladam
Direction : Nicolas SergeantSusanna Schraen-Maschke
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biochimie et biologie moléculaire
Date : Soutenance le 17/12/2010
Etablissement(s) : Lille 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Biologie-Santé (Lille)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche Jean-Pierre Aubert

Résumé

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La pathologie Tau est une lésion neuronale commune à plus d’une vingtaine de maladies neurodégénératives. Elle correspond à l’agrégation des protéines Tau anormalement modifiées. Les mécanismes moléculaires impliqués dans l’agrégation de Tau demeurent encore mal compris. Toutefois, parmi les différentes hypothèses étiologiques, celle d’une dérégulation de l’épissage alternatif de Tau nous intéresse tout particulièrement. Ici, nous considérons la dystrophie myotonique de type 1 (DM1) comme maladie « modèle » pour étudier cette relation, puisqu’elle présente à la fois une dérégulation de l’épissage alternatif de Tau et des agrégats Tau. La DM1 est la forme adulte la plus fréquente de dystrophie musculaire. Il s’agit d’une maladie héréditaire à transmission autosomale dominante caractérisée par des répétitions CTGn>50 instables localisées dans la région 3’UTR du gène DMPK. Les mécanismes impliqués supposent un gain de fonction toxique des ARN mutés conduisant à une modification de l’épissage alternatif de nombreux transcrits parmi lesquels Tau. Dans ce contexte, nos objectifs étaient 1) de caractériser le défaut d’épissage de Tau dans le cerveau de plusieurs cas DM1 2) de modéliser ce défaut d’épissage afin d'identifier les facteurs trans-régulateurs impliqués et 3) de proposer une approche visant à restaurer un épissage normal. Le défaut d’épissage de Tau a été observé dans tous les cas analysés. Celui de l’exon 10, en revanche, n’a été rapporté que chez deux cas, qui, de façon intéressante, présentaient également une augmentation de l’expression des protéines CELF, décrites comme protéines régulatrices de l’épissage de Tau. Outre les protéines CELF, nous nous sommes également intéressés à MBNL1. MBNL1 est un facteur d’épissage jouant un rôle essentiel dans la physiopathologie de la DM1 où il a été décrit comme séquestré dans les foci. Peu de choses sont connues sur MBNL1 dans le cerveau et sur son rôle sur l’épissage alternatif des transcrits neuronaux. Ici, nous montrons que le niveau d’expression cérébrale de MBNL1 ne varie pas entre les cas DM1 et contrôles. En revanche, nous montrons que son épissage alternatif est dérégulé dans le cerveau. Notre étude de relation entre la structure et la fonction de la protéine suggère que ce changement d’épissage favorise sa séquestration dans les foci en modifiant sa localisation nucléaire, son activité de facteur d’épissage et ses propriétés d’oligomérisation. Le changement d’épissage de MBNL1 n’influence pas celui de Tau. Cependant, sa perte de fonction reproduit un profil d’épissage similaire à celui observé dans les cerveaux DM1. De plus, nous montrons que la surexpression de MBNL1, en présence des répétitions CTG suffit à restaurer un épissage normal de Tau et de plusieurs autres transcrits dérégulés dans la DM1. Enfin, des expériences complémentaires réalisées avec des protéines tronquées non fonctionnelles en tant que facteur d’épissage suggèrent que la restauration d’un profil d’épissage normal dans la DM1 serait due à la saturation des sites de liaisons CUG, ce qui permettrait de libérer les protéines MBNL1 séquestrées. Ces constructions semblent donc présenter un potentiel intérêt pour inverser les changements d’épissage observés dans la DM1 et sont actuellement en cours d’études.