L’objectivité sur le fil : la production des faits journalistiques à l'Agence France-Presse

Objectivity over the wire : the production of journalistic facts by the Agence France-Presse

• Auteur / Autrice : Éric Lagneau
• Direction : Gérard Grunberg
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Science politique. Sociologie politique et politiques publiques
• Date : Soutenance en 2010
• Etablissement(s) : Paris, Institut d'études politiques

Mots clés

Mots clés contrôlés

Agence France-Presse

Sources d'information (journalisme)

Agences de presse

Journalistes -- Déontologie

Médias -- Objectivité

Résumé

De quelles vérités les journalistes sont-ils capables, ou, plus précisément, quels genres de vérités énoncent-ils et dans/à quelles conditions y parviennent-ils ? Dans une perspective de sociologie pragmatique, et en s’efforçant d’éviter certains écueils du socio-constructivisme dans l’analyse de la production des faits journalistiques, cette thèse s’attache à décrire le plus précisément possible l’action collective consistant à fabriquer une information jugée « objective ». Dans le prolongement de la sociologie américaine du « newsmaking », elle prend le parti, à travers l’exemple de l’AFP, d’analyser (en alliant entretiens, analyse des formes et des contenus, observation ethnographique et participation observante) les questions professionnelles pratiques, mais aussi les enjeux politiques, soulevés par l’objectivité en s’intéressant à ce que les agenciers font concrètement pour traduire le plus objectivement possible les événements. Elle se différencie cependant de ces travaux en vérifiant l’hypothèse centrale que le respect de règles professionnelles de distanciation, encouragé par des formats d’objectivité, permet effectivement aux journalistes, dans une certaine mesure, de produire des informations plus « objectives ». Elle relève aussi les limites et les difficultés de cette solution des formats d’objectivité, en pointant leur ambivalence. Le souci d’efficacité industrielle inscrite dans les formats rend ainsi les agenciers particulièrement dépendants des sources institutionnelles pour la réussite de leurs formatages. C’est d’une certaine façon le prix à payer pour l’influence considérable de l’AFP dans le système médiatique français.

What kinds of true description of the reality are the journalists able to produce? Inspired by the French pragmatic sociology (Boltanski, Lemieux), this work try to avoid some pitfalls of the social constructivism in the analysis of the news production. Taking the journalism and the professional norm of objectivity seriously, it seeks to describe as precisely as possible the collective action of making news considered "objective". Like in the classical American sociology of news (Tuchman, Schudson), it takes the party to analyze (by the way of interviews, content and formal analysis, ethnographical observation and participating observation) in a practical way the questions raised for the journalists by the notion of objectivity, but also the political issues of their activity, through the example of one of the three worldwide News Agencies, the French “Agence France-Press”. It shows what AFP journalists makes concretely to translate “objectively” the events into news. But contrary to Tuchman’s work, it checks one central assumption of this study : the respect for professional rules of “distanciation” (to find the good distance with sources and audience), encouraged by what I call “formats of objectivity”, allows effectively the journalists, to a certain extent, to produce more "objective" news. This study also notes the limitations and difficulties of this “formats of objectivity” solution, pointing their ambivalence. The concern of industrial efficiency taken into account by the formats makes the AFP journalists particularly dependent from institutional sources for the success of their “translations”. That the price for the influence of AFP in the French media system.