Thèse soutenue

Phénoménologie et psychologie du tangible : éléments pour une théorie de la valeur cognitive et pratique de la résistance
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Auteur / Autrice : Gunnar Declerck
Direction : Charles LenayFrançois-David Sebbah
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Technologies cognitives, management de l'innovation et systèmes complexes
Date : Soutenance en 2010
Etablissement(s) : Compiègne

Résumé

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L'homme, s'il se rêve parfois pur esprit libéré des entraves de la matérialité, existe comme un corps dans un monde lui-même essentiellement construit comme un système spatialisé de corps, où la résistance, l'impénétrabilité, l'inertie, la pesanteur et la force, constituent non pas l'exception ou l'accident mais la règle. Les réflexions présentées dans ce travail visent à élucider sur un plan phénoménologique le rapport que l'homme entretient avec la tangibilité de son environnement, et la fonction que ce rapport remplit dans la construction des différents secteurs de l'existence, au premier chef la perception : l'ouverture à un monde ambiant prégnant d'une organisation et d'un sens. Il s'agit d'une part de prendre en vue et de conceptualiser la manière dont cette tangibilité (l'épreuve que l'individu peut faire de la résistance de son environnement dans le cadre d'un rapport corporel direct à celle-ci, mais plus largement la compréhension que celui-ci possède de la possibilité de ce rapport) participe à la mise en place de la rationalité par laquelle l'homme se rend intelligible son monde ; et d'autre part, d'identifier les structures de la « subjectivité » (les structures de la cognition, pour parler la langue de la psychologie) qui rendent possibles la manière spécifique dont l'homme construit son expérience et sa compréhension de la résistance tangible - que cette résistance soit perçue dans le cadre d'un rapport d'affrontement corporel effectif, ou qu'elle soit visée de manière « indirecte » à titre de « simple » possibilité. Nous montrerons ici, sur l'appui d'analyses phénoménologiques aussi bien que d'éléments issus de la psychologie empirique (psychologie expérimentale aussi bien que neuropsychologie), que le rapport que l'homme entretient avec la résistance est tributaire d'une ouverture au possible, et que l'organisation du monde ambiant sous la forme d'un espace où se disposent des structures matérielles, soit des structures capables d'opposer de la résistance au corps, relève d'une rationalité consistant à se rendre intelligibles les phénomènes en les interprétant en référence aux capacités d'action aussi bien que de passion dont le corps nous investit, le pouvoir qu'il nous procure et les contraintes auquel il nous soumet. Aussi la chose matérielle - la chose tangible, le corps -, si elle fait fonction d'archétype de la « présence » et de l'« être » (qu'y a-t-il en effet de plus « réel » qu'un corps ?), tire en vérité sa teneur phénoménale de ce qu'elle cristallise pour celui qui la perçoit un faisceau de possibilités, qui rendent par conséquent la présence hic et nunc du « monde tangible » essentiellement débitrice d'une inactualité.