Thèse soutenue

De Panama à Sigmaringen : "Le Matin", les affaires et la politique (1884-1944)

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Auteur / Autrice : Dominique Pinsolle
Direction : Christophe Bouneau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire contemporaine
Date : Soutenance en 2010
Etablissement(s) : Bordeaux 3

Résumé

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Le Matin, premier quotidien « à l’américaine » lancé en France en 1884, a une trajectoire surprenante. Présenté comme absolument indépendant sur les plans politique et financier, il devient rapidement une feuille de chantage totalement discréditée. Son premier directeur, Alfred Edwards, n’est attiré que par l’argent. Mais Le Matin, dont la réputation est désastreuse, ne séduit pas un nombre suffisant de lecteurs, et doit être vendu à l’homme d’affaires Maurice Bunau-Varilla dès 1895. Ce dernier réussit là où Edwards a échoué et parvient, avec son associé Henry Poidatz, à transformer Le Matin en grand journal populaire à partir de la fin des années 1890 tout en l’utilisant pour jouer un rôle politique en coulisses. Dès le début du XXe siècle, Le Matin change de nature : ni quotidien de pure information, ni feuille d’opinion, il est désormais conçu comme une force d’action bienfaisante au service de la Patrie. Cette formule innovante, qui s’appuie sur une autopromotion agressive et un sensationnalisme outrancier, connaît un immense succès au cours de la Première Guerre mondiale. Mais l’apogée est de courte durée : dès les années 1920, le journal est de plus en plus discrédité et connaît de sérieuses difficultés financières. La situation se détériore d’autant plus que Le Matin se transforme en véritable organe de combat et vire progressivement à l’extrême droite au cours des années 1930. Il faut attendre l’Occupation pour que Le Matin, quotidien collaborationniste, renoue avec les profits.