Thèse soutenue

La recherche d'une "phonograhie" : Le traitement de la voix dans La Comédie humaine de Balzac

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Auteur / Autrice : Sandra Jacquemoud-Collet
Direction : Agnès Spiquel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature française
Date : Soutenance en 2009
Etablissement(s) : Valenciennes

Mots clés

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Résumé

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La perception de la voix humaine a été profondément renouvelée au siècle des Lumières, qui note sa densité de présence, sa séduction, sa transparence, son expressivité. Balzac est un des premiers romanciers à prendre acte de ces changements : La Comédie humaine inaugure ainsi l’apparition en littérature d’une sensibilité moderne aux voix, parlées et chantées. C’est cette poétique balzacienne de la vocalité que cette étude se propose d’étudier. On verra comment le roman balzacien construit ce nouvel objet. Il en explore toutes les contradictions : sa matière indécidable, tout d’abord, qui peut aussi bien ancrer le phénomène vocal dans le sensible, reconnaître sa sensualité (La Comédie humaine élabore une véritable érotique des voix) ou au contraire l’assimiler aux mouvements psychiques (la voix revêt une dimension ontologique qui l’inscrit dans l’énergétique balzacienne). Mais il y a aussi ce paradoxe entre la séduction irrésistible que la voix exerce sur l’auditeur, et la charge de sens qu’elle peut porter : elles peuvent se conjuguer ou se contrarier. Cette richesse de la voix la met en concurrence directe avec les mots : elle constitue ainsi une menace pour la maîtrise de l’écrivain. Érigée en objet littéraire, la voix met en crise l’écriture. Ephémère par définition, elle est ce qui se perd dans toute transcription : elle jette à l’écrivain un défi que Balzac est un des premiers à relever. Sa recherche d’une écriture « phonographique », qui conserve dans l’écrit toute la richesse et la complexité de la voix, se trouve ainsi placée à l’horizon de notre travail.