Thèse de doctorat en Arts plastiques. Arts appliqués
Sous la direction de Guy Lecerf.
Soutenue en 2009
à Toulouse 2 .
Nouvelle venue sur le terrain de l’aménagement urbain, la conception lumière soulève autant d'enthousiasmes que de craintes : on lui attribue des vertus sociales et esthétiques, tout autant qu'on l'accuse d'effets de théâtralisation. Interrogeant cette critique, qui conteste l'adaptation analogique du répertoire visuel théâtral à l'éclairage urbain, ce travail cherche à en examiner les fondements idéologiques, symboliques et esthétiques, pour tenter de les reformuler sur le plan d'une poïétique, en développant les apports cognitifs et heuristiques des arts du spectacle au niveau des pratiques urbaines de conception lumière. Dans une approche à la fois extrinsèque et intrinsèque, la réflexion s'inscrit d'abord dans une poïétique positiviste visant la compréhension des matériaux (médium : lumière et ombre ; support : espace(s) public(s)) et des modalités pratiques (disciplinaires, graphiques, discursives) par lesquels la profession a émergé et s'invente. Cette approche met au jour une certaine ambiguïté des représentations collectives et artistiques de la lumière, entre expression et fonction, mais aussi des phénomènes d'hybridation et de circulation de modèles idéologiques et pratiques où se lit une référence récurrente au champ théâtral, tant au niveau socio-politique ou pictural, que dans les pratiques actuelles des concepteurs desquelles émerge une scénographie "classique". Enfin, sur la base de ces constats, il s'agit de développer une poïétique expérimentale, nourrie des tendances scéniques contemporaines : celle-ci esquisse des pistes de réflexion pouvant conduire à de nouvelles pratiques de mise en lumière, autour des notions de prises, d'obscure, d'inachevé.
The ligthing designer and the contemporary inventions in performing arts
As a new field in urban development, lighting conception generates as much enthusiasm as fear: whereas some praise its social and aesthetic virtues, others assail its alleged dramatisation effects. Through the investigation of this critical approach, which challenges the analogical application to urban lighting of the visual repertoire developed in the theatre, this study aims at addressing ideological, symbolic and aesthetic fundaments in order to reformulate them on a poietic level by means of developing the cognitive and heuristic contributions of performing arts to the practice of urban lighting conception. In an approach both extrinsic and intrinsic, this discussion first adopts a positivist poietics viewpoint aiming at an understanding of the materials (medium: light and shade; support: public areas) and practical processes (disciplinary, graphic, discursive) involved in how this craft has emerged and how it invents itself. This approach highlights a certain ambiguity in the collective and artistic representations of lighting, halfway between expression and function, but also specific phenomena of hybridisation and circulation of ideological and practical models containing recurring references to the theatrical domain, on a social-political and pictorial level as well as in current designer practice, whence a “classical” scenography emerges. Finally, based on these observations, this discussion aims at developing experimental poietics fuelled by contemporary scenic trends: these poietics outline new lines of thought that may lead to novel lighting practices built around the notions of affordances, of the obscure and the unfinished.