S'investir corps et âme en entreprise : contribution à une sociologie de la mobilisation des cadres par le sport

Investing one's heart and soul in a company : a contribution to the sociology of executives mobilization through sport

• Auteur / Autrice : Julien Pierre
• Direction : William Gasparini
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Sciences et techniques des activités physiques et sportives. Sociologie du sport
• Date : Soutenance en 2009
• Etablissement(s) : Strasbourg

Mots clés

Mots clés contrôlés

Elias, Norbert (1897-1990)

Sports et entreprises

Résumé

Quelle est la participation du sport au régime de mobilisation des cadres dans les grandes entreprises? A partir de cette question, nous soulignons certe les propriétés du sport dans son acception pratique (celle d'une mise en mouvement du corps) mais, au-delà, les propriétés du sport dans son acception pratique (celle d'une mise en mouvement du corps) mais, au-delà, nous entendons révéler le pouvoir mobilisateur de l'offie de services sportifs, entendue comme la possibilité pour les cadres de pouvoir s'y adonner. À la croisée de la sociologie du sport et du travail, notre recherche s' inscrit dans le sillage des travaux de Norbert Élias qui rattache la participation des sports - en tant que pratiques physiques - au con(Tôle de soi. Prolongeant son analyse, nous souhaitons montrer que l'offre sportive des entreprises du secteur tertiaire peut également contribuer au renforcement de l'autocon(rôle des cadres, même s' ils ne pratiquent jamais une activité in situ. Est ainsi mis en exergue le pouvoir symbolique lié aux services sportifs "offerts" par l'entreprise: les cadres peuvent en effet percevoir le sport comme un privilège distinctif et interpréter sa présence comme un don de l'entreprise. Le sport participe alors à faire naître chez ces élus de l'entreprise le sentiment qu'ils sont redevables des«efforts» que cette dernière consent pour assurer leur bien-être. En somme, ce don appelle un contre-don qui peut se traduire par un engagement supplémentaire des cadres au travail. Ainsi, à la lumière d'études monographiques menées chez Nestlé et Adidas, puis d' une enquête ethnographique chez Steelcase, nous montrons comment l'offre sportive les incite à s' investir corps et âme au travail tout en notant qu'elle est susceptible de générer une forme de violence symbolique.

To what extent is sport a motivating force for executives in big companies? Starting from this question, which is both preliminary and central, we will of course high!ight the characteristics of sport in a practical sense - a body in motion - but beyond this, we intend to bring to !ight the mobilizing force of the offer of sport services, meant as the mere possibility for executives to exercize. At the crossroads of sport and work, this research is in !ine with works by Norbert Elias, who links sport - as a physical activity - to self-control. Carrying his analysis on, we intend to show that the sport offer in companies of the service sector can also contribute to the strengthening of the executives' self-control, even though they never exercize in situ. The symbolic power linked to sports services~'offered" by companies is thus underlined: the executives can indeed see sport as a distinctive privilege and interpret its presence as a gift From the company. Sport thus contributes (0 creating among the company"s elect the feeling that they owe the latter for it "efforts" to guarantee their well-being. Ln short, this gift calls for a counter-gift which can take the form of further commitrnent by the executives to their jobs. Thanks to monographic studies led at Nestlé and Adidas, then to an in vivo ethnographic survey at Steelcase, we will thus show how the sport offer encourages them to invest their hearts and souls in their jobs, and in the same time, that it is likely to generate a form of symbolic violence.