Thèse soutenue

Une politique de la Tradition au XXè siècle : fondements et usages de la pensée de René Guénon (1910-1980)

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Auteur / Autrice : David Bisson
Direction : Philippe Portier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance en 2009
Etablissement(s) : Rennes 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'homme, des organisations et de la société (Rennes)
Partenaire(s) de recherche : autre partenaire : Université européenne de Bretagne (2007-2016)

Mots clés

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Résumé

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Ce travail vise à réinscrire la pensée de R. Guénon dans l'histoire intellectuelle afin d'en saisir les fondements théoriques, d'en expliquer les modalités pratiques et d'en identifier les zones d'influences. En adoptant une approche transversale qui s'articule autour de l'histoire, de la sociologie et de la philosophie, nous souhaitons mettre en lumière les noeuds "métapolitiques" qui tiennent ensemble les lignes du système traditionnel. Car c'est bien la lutte contre le monde moderne qui dicte l'engagement dans une voie spirituelle (initiation) comme c'est bien la quête de la connaissance (gnose) qui oblige à se défaire de la société occidentale. Selon cette approche, le concept de Tradition est la clé axiomatique qui ouvre l'être à lui-même tout en le fermant au monde. Nous retrouvons cette problématique, selon des degrés différents, à chacune des étapes de nos investigations historiques. En première partie d'abord (1910-1932). L'idée traditionnelle naît dans les contreforts de l'occultisme et s'épanouit au contact des doctrines hindoues pour mieux se dresser contre l'ensemble du monde moderne. R. Guénon définit les termes d'une métaphysique du politique (métapolitique) qui doit autant à l'environnement intellectuel des années vingt qu'à son ancrage gnotique. En seconde partie ensuite (1932-1951). Le système traditionnel se referme sur lui-même, et engage des adeptes à suivre le chemin initiatique sous la direction d'un maître éloigné, désormais retiré dans les faubourgs du Caire. Ce qui n'empêche pas les relectures politiques de transposer le concept de Tradition dans le creuset idéologique du nationalisme. En troisième partie enfin (1951-1980). Le décès de R. Guénon rompt en quelque sorte l'ordre de la réception. A côté des disciples qui se rassemblent dans des groupes confidentiels (tarîqa soufie, loge maçonnique, etc. ), il faut prendre en compte les interprètes"dissidents" de la tradition comme les lecteurs "dissimulés" de l'oeuvre qui, selon des logiques éloignées, tendent à inscruter le nom de R. Guénon dans le marbre du combat antimoderne. Ainsi, le chemin ouvert par le "témoin de la Tradition" continue à suivre son sillon même si les tensions entre la spéculation ésotérique et l'engagement politique demeurent très fortes.