Thèse de doctorat en Études féminines. Littérature et Philosophie
Sous la direction de Mireille Calle-Gruber et de Marta Segarra.
Soutenue en 2009
à Paris 8 en cotutelle avec l'Universitat de Barcelona .
Dans le discours philosophique, dans la critique littéraire et l'histoire de l'art, voir et parler, regarder et dire ont fait l'objet de multiples parallélismes et partages qui demeurent l'arrière-plan de notre étude. L'articulation du texte et de l'image, ainsi que leurs rapports étroits où le visible et le lisible sont tantôt incompatibles tantôt complémentaires restent l'objet de la présente thèse. Toutefois, entre ces deux modèles, ni la correspondance ni l'adéquation parviennent à nommer l'étrange complicité de l'œil et de la voix, du regard et du mot dans l'aventure de la connaissance, la révélation, la représentation et l'accès au sens - les grandes lignes de force qui traversent la problématique du visible et du lisible. L'écriture d'Hélène Cixous et la pensée de Jacques Derrida reprennent et déplacent l'héritage de la vision, qu'ils transforment dans le cadre d'une expérience déconstructrice de la langue. Cette déconstruction, nous le verrons tout au long de notre étude, met en place une forte critique de la notion indoeuropéenne de savoir et de vérité, profondément liée au mode de production de sens du visible. Nous aborderons également les nouveaux modèles perceptifs qui s'esquissent dans les corpus cixousien et derridien. L'étude de ces deux écritures et pensées nous permettra d'analyser et de bien comprendre la puissante critique de la vision qui s'installe en France avec la pensée dite post-structuraliste, chez des auteurs tels que Michel Foucault, Jean-François Lyotard, Gilles Deleuze, Jean-Luc Nancy ou Luce Irigaray, entre autres.
Dessiler la langue : writing and visuality in Hélène Cixous' and Jacques Derrida's works
In the fields of philosophy, literary criticism and art history, the linguistic and the visual paradigms - seeing and talking, watching or saying - have been studied as different parallelisms. These oppositions constitute the context of our essay. The purpose of this essay is to analyse the articulation of text and image and the relationships between the visual and the writing models, which are sometimes exclusive and sometimes complementary. Hence, the correspondence between these two models is always inadequate to describe the strange complicity between the eye and the voice, the gaze and the word in the main points of our investigation: knowledge, revelation, representation, and meaning. Hélène Cixous' writing and Jacques Derrida's philosophical thought both echo and displace the heritage of vision. Cixous and Derrida transform this heritage in the context of a deconstructive experience of language and writing. As we will discuss throughout this essay, the deconstruction of the visible paradigm supposes a strong criticism of the Indo-European concept of knowledge and truth, which is deeply intertwined with the visual model. Moreover, we intend to analyze new perceptive models developed in Cixous' and Derrida's texts. The analysis of these two authors and their thoughts will allow us to understand and interpret the strong criticisms of vision operating in France in the context of post-structuralist thought, especially in the work of Michel Foucault, Jean-François Lyotard, Gilles Deleuze, Jean-Luc Nancy and Luce Irigaray, etc.