Thèse soutenue

Bologne confisqué : constitution, autour de la Commission européenne, d'un acteur-réseau et d'un dispositif européen de l'enseignement supérieur
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Auteur / Autrice : Sarah Croché
Direction : Jean-Louis DerouetJean-Émile Charlier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'éducation
Date : Soutenance en 2009
Etablissement(s) : Lyon 2 en cotutelle avec Facultés universitaires catholiques de Mons (Belgique)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'éducation, psychologie, information et communication (Lyon)

Résumé

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Résultat d’un accord de coopération intergouvernemental passé entre les ministres de l’enseignement de quatre pays réunis à la Sorbonne en 1998, le processus de Bologne n’est pas resté longtemps sous le contrôle des seuls États. En 2001, les ministres ont créé un groupe de suivi composé des représentants des pays membres du processus et de la Commission européenne, de l’EUA (association des universités européennes), de l’EURASHE (association européenne des établissements d’enseignement supérieur), de l’ESIB (union des associations étudiantes nationales) et du Conseil de l’Europe, ces quatre derniers bénéficiant d’un statut temporaire et de membre consultatif. Depuis 2001, la Commission européenne joue un rôle central dans le processus de Bologne, à côté d’organisations d’acteurs qui se voient forcées de discuter de sujets qui les ont précédemment divisés et qui modifient leurs relations au niveau national. Depuis 2005, la Commission a le droit de voter dans un processus d’européanisation lancé dans un domaine qui reste de compétence nationale. Elle a ainsi pu orienter la réforme des universités, veut définir la bonne institution, la bonne science et le bon enseignement. Cette thèse s’intéresse au mécanisme de prise de décision du processus de Bologne. Elle analyse les réseaux qui constituent le nouvel espace sociopolitique dans l’enseignement supérieur, les tactiques développées par ses acteurs. Elle retrace les actions qui ont été déployées par la Commission européenne pour pouvoir intégrer le processus de Bologne et contrôler les politiques du supérieur. Cette thèse prend ses supports théoriques dans les travaux de Foucault (et ses concepts de dispositif, de gouvernementalité, de rapport pouvoir/savoir, de régime de vérité) et dans la théorie de l’acteur-réseau de Callon et Latour (avec les concepts du processus de traduction). Les supports théoriques secondaires proviennent des travaux de Boltanski et Thévenot, de Kingdon, de l’institutionnalisme. L’argument de cette thèse est qu’en 1998, le ministre français Claude Allègre (initiateur du processus) a activé un "dispositif européen de l’enseignement supérieur", qui a été progressivement orienté par la Commission européenne. Avec les concepts de la sociologie de la traduction, ce travail décrit les différentes étapes qui ont permis à la Commission de devenir le "macroacteur" ou l’"acteur-réseau" du processus de Bologne.