Thèse de doctorat en Histoire ancienne
Sous la direction de Martin Jehne et de Jean-Louis Ferrary.
Soutenue en 2009
à Paris, EPHE en cotutelle avec Fakultät des Sprach-, Literatur- und Kulturwissenschaften Technische Universität Dersden , en partenariat avec École pratique des hautes études (Paris). Section des sciences historiques et philologiques (autre partenaire) .
Le jury était composé de Jean-Michel David.
Les conflits de règles à Rome: validité et valorisation des normes dans la Rome républicaine
L'élément central de cette étude tient dans le concept de conflit de règles dans la République romaine et se penche sur les quatre champs de recherche suivants : les élections, la distribution des provinces, les règles religieuses et enfin l'octroi du triomphe. Ce travail se base sur une approche théorique des règles et montre qu'à Rome, les normes ne peuvent être considérées comme des règles fixes, mais bien plus comme des principes flexibles. La continuelle valorisation de ces principes et d'ailleurs l'ensemble des discussions sur les normes en vigueur à Rome se font au Sénat qui occupe ainsi un puissant rôle d’arbitrage. Cependant, si l'on prend en considération la force normative des décisions des assemblées populaires, tout comme le rôle du pater familias ou encore les très particuliers règles religieuses, on en conclue qu'il ne peut être question d'une hiérarchie de normes ou d'institutions, mais plutôt d'une coexistence de sphères differentes de validité. Celles-ci ont comme conséquence une grande flexibilité mais peuvent engendrer de nombreux mécanismes d'obstruction. Seul le grand consensus des décisionnaires evite des situations de blocage. C’est la bataille de Cannae qui constitue un tournant. En effet, les fortes pertes humaines entraînent la formation d’une nouvelle élite dont la socialisation a pour conséquence une positivation et ainsi une plus forte rigidité des normes : il y a de plus en plus de règles et de moins en moins de décisions sont prises cas par cas. Bien que ce développement permette de conserver la stabilité politique, il implique, à long terme, un affaiblissement important du rôle du Sénat qui perd de sa capacité d'action discrétionnaire
Rules in conflict: validity and evaluation of forms in the roman republic
The key element in this study is the concept of conflicting rules in the Roman Republic. The study focusses on four major institutions: elections, allocation of provinces by lot, religion-related norms and the awarding of triumphs. Drawing on a theory-based approach to the concept of rules, it will be argued that the majority of norms in Rome are not to be understood as strict rules but rather as flexible principles, thus necessitating constant consideration and evaluation. This process of discussion and subsequent decision took place above all in the Senate, which in due course acted as a powerful arbitrator. Given the enormous normative power of the latest relevant vote of a Roman assembly on the one hand, and of religion-related norms on the other hand, one can, however, neither speak of a hierarchy of norms nor of a hierarchy of institutions. Instead, different spheres of norms and validity emerge, which create a situation where decisions can only be made based on a broad consensus and where the risk of a political stalemate always prevails. Because of the formation of a new elite in the wake of the devastating loss at Cannae, when new men entered the senate on a large scale, the emergence of this elite was enhanced by means of legislation, which transformed custom and implicit norms into regulations which were explicit but also more rigid. More and more rules were followed and complied with, less was decided case by case. Although this development led to success in terms of stability and further expansion, it turned out to be fatal in the long run for the Senate as the decision-making institution, which lost its position as the arbitrator in cases of conflicts