Auteur / Autrice : | Tiziana Leucci |
Direction : | Jean-Claude Galey |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Ethnologie et anthropologie sociale |
Date : | Soutenance en 2009 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Mots clés
Résumé
La thèse cherche à expliquer la transformation de la "danse des servantes [des dieux]" (Dâsî Âttam) en "danse de Bharata" (Bharata Nâtyam), dite "classique" et "nationale" en Inde. Le travail donne d'abord la parole à d'anciens maîtres de danse et danseuses de la tradition disparue, puis retrace l'histoire de la fascination occidentale pour les danseuses de temple indiennes du XIIIème au début du XXème siècle. Ces artistes étant aussi courtisanes, la fascination se doublait de jugements moraux, qui ont été intégrés par les Indiens occidentalisés. Après de longs débats légaux, ces réformistes ont aboli l'institution des "servantes des dieux" (devadâsi) à l'indépendance de l'Inde (1947). En Europe, celles-ci avaient donné naissance au personnage romantique de la bayadère, qui attira des danseuses occidentales en Inde. Leurs tournées y influençèrent un mouvement nationaliste de "sauvetage" de la danse, sous une forme "spiritualisée" et sanskritisée, par référence au traité du sage mythique Bharata. La thèse compare ensuite les pratiques actuelles de danse en Inde avec celles d'anciens maîtres de danse et danseuses de temple et de cour royale rencontrés. Nous abordons les techniques d'apprentissage, la question de l'utilisation des traités, de la performance d'un texte, ainsi que de l'esthétique correspondant aux formes anciennes et actuelles de danse en Inde. Nous reconstruisons enfin le "devoir statutaire" (dharma) des courtisanes-danseuses, en confrontant inscriptions médiévales, littérature tamoule et sanskrite et observations ethnographiques. Les devadâsi apparaissent ainsi comm des "danseuses rituelles", et non comme des "prostituées sacrées".