Thèse de doctorat en Histoire, langues, littérature anciennes
Sous la direction de Patrice Brun.
Soutenue en 2009
à Bordeaux 3 .
This study is dedicated to Cleon, the demagogue who held the political scene of Athens after Pericles’s death, during the first years of the Peloponnesian War (between 429 and 422 B. C). To use an expression that has largely spread over since the 1970’s and that is now under discussion, around this ‘new politician’, who did not belong to the traditional spheres – aristocracy – from which many political men came in the fifth century, was established a real ‘black legend’ which went through the ages. Contemporary authorities like Thucydides or Aristophanes and also later writers introduced him as a corrupt, venal and coarse character, as a demagogue who skilfully flattered the people and who was in favour of an immoderate imperialism and out-all war. This study intends to re-evaluate Cleon’s political work, especially in the sight of his renowned predecessor, Pericles, whose ambitions hardly differed: upholding of the empire – and not extension of it -, reinforcement of democratic rights settled during the former period – and not political ‘intensification’ -, continuation of the war according to Pericles’s strategy and aims – and not exaggerated warmongering -. In this study, the ideological and moral bias, often led by ancient sources, has been given up and the specific context of Athens which was involved in a terrible war to protect its imperial and democratic integrity, at the end of the fifth century B. C. , allows us to consider Cleon as a less dark historic character than what tradition passed on.
Cette étude porte sur le démagogue Cléon qui a occupé le devant de la scène politique athénienne après la mort de Périclès, durant les premières années de la Guerre du Péloponnèse (entre 429 et 422 av. J. -C. ). Autour de ce « nouveau politicien » - pour reprendre une formule qui s’est largement imposée depuis les années 1970 et qu’il convient de discuter désormais - qui n’appartiendrait pas aux cercles traditionnels - l’aristocratie - dont étaient issus la plupart des hommes politiques du V° siècle, s’est constituée une véritable « légende noire » qui a traversé les siècles : les sources contemporaines, comme Thucydide ou Aristophane, mais aussi les auteurs plus tardifs, l’ont volontiers présenté comme un personnage vulgaire, vénal et corrompu, un démagogue flattant habilement le peuple, le partisan d’un impérialisme démesuré et de la guerre à outrance. Le présent travail se propose de réévaluer l’œuvre politique de Cléon, notamment au regard de celle de son illustre prédécesseur – Périclès – dont elle ne diffère guère : maintien de l’empire (et non extension), consolidation des acquis démocratiques mis en place durant la période précédente (et non « radicalisation » politique), poursuite de la guerre en restant fidèle à la stratégie et aux objectifs définis par Périclès (et non bellicisme exacerbé). L’abandon de tout parti pris idéologique ou moral, souvent induit par les sources anciennes, autant que la restitution du contexte particulier d’Athènes à la fin du V° siècle avant J. -C. , engagée dans une guerre terrible pour préserver son intégrité impériale et démocratique, permettent d’envisager une figure historique moins sombre que celle que la tradition nous a léguée.
Cette thèse a donné lieu à une publication en 2013 par Ausonius à Bordeaux et par diff. De Boccard à Paris
Cléon : le guerrier d'Athéna