Thèse de doctorat en Histoire de l'architecture
Sous la direction de François Loyer.
Soutenue en 2008
En 1903, Georges Benoit-Lévy (1880-1971), titulaire d'une licence de droit, obtient une bourse du Musée social qui le charge d'aller étudier en Angleterre les villages industriels de Port Sunlight et de Bournville et de visiter le chantier de la première cité-jardin anglaise, Letchworth, mise en pratique des idées formulées en 1898 par le publiciste anglais Ebenezer Howard. À son retour, il fonde l'Association des Cités-Jardins de France pour diffuser le modèle et susciter la création de « Letchworth à la française ». À partir du milieu des années 1920, il se mobilise activement en faveur de la cité linéaire mis au point par l'ingénieur madrilène Arturo Soria y Mata. Face à la croissance infinie des grandes villes et la dégradation des conditions de vie, les deux dispositifs apportent, selon lui, des réponses pertinentes au double problème de l'insalubrité de l'habitat et de la congestion urbaine. L'infortune critique de Benoit-Lévy associée au silence qui entoure son rôle après la Première Guerre mondiale méritaient un retour sur son parcours, depuis son entrée dans son entrée en réforme en 1903 jusqu'à la veille de la Seconde Guerre mondiale. En s'intéressant à la réflexion et à l'action de ce « propagandiste idéaliste », l'étude présentée ici vise moins à engager un procès en réhabilitation de Georges Benoit-Lévy qu'à pointer les limites et les contradictions d'une vision qui envisage la ville comme ligne de fuite tout en mettant en lumière les apports d'une démarche qui font de cette figure atypique, ayant construit sa « carrière » hors du mouvement de professionnalisation du milieu urbaniste français, un acteur inattendu mais significatif des débuts de l'urbanisme.
Garden city and linear city. Georges Benoit-Lévy: itinerary of a idealist propagandist (1903-1939)
In 1903, Georges Benoit-Lévy (1880-1971), a law graduate, received a grant from the Musée social, France, to travel to England to study the two industrial model villages of Port Sunlight and Bournville, and also to visit the building site of the first English garden city, Letchworth, which is the concretisation of the ideas formulated by Ebenezer Howard in 1898. On his return to France, Benoit-Lévy founded the Association des Cités-Jardins de France in order to spread the concept in his home country and to trigger the building of garden cities like Letchworth in France. In the mid-1920s, he ardently defended the linear city concept elaborated by Arturo Soria y Mata, a Spanish engineer. Denouncing the housing and urban crisis, Benoit-Lévy believed that the two urban models provided relevant solutions both to insalubrious housing and urban congestion. The « infortune critique » associated with the lack of critical attention given to Benoit-Lévy's role following the First World War called for a revision of his itinerary from 1903 to 1939. By analysing the thoughts and actions of an idealist propagandist, this study does not aim to rehabilitate Georges Benoit-Lévy, but to highlight both the contradictions.