Thèse soutenue

La double dissociation noms-verbes dans l'aphasie : apport des observations cliniques à la modélisation du langage ordinaire

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Auteur / Autrice : Christel Canac
Direction : Jean-Luc Nespoulous
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du langage. Neuropsycholinguistique
Date : Soutenance en 2008
Etablissement(s) : Toulouse 2

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Ce travail de recherche tente de mettre à l'épreuve une donnée empirique régulièrement rapportée dans nombre d'études relevant du domaine aphasiologique, à savoir la double dissociation noms vs. Verbes. A partir d'un protocole expérimental original créé dans le but de pallier les biais méthodologiques des recherches antérieures (deux variables sont classiquement testées – une variable sémantique avec utilisation de lexèmes d'objets et d'action et une variable syntaxique avec utilisation de noms et de verbes – ce qui ne permet pas de conclure sur l'existence réelle de la double dissociation noms-verbes mentionnée dans la littérature), nous essayons de mettre au jour, à travers une étude de cas multiples, les performances de patients aphasiques – anomiques et agrammatiques – en dénomination orale d'images d'actions conjointement lexicalisables sous forme de nom et de verbe. L'objectif est de statuer sur l'existence de la double dissociation une fois que la catégorie sémantique des items lexicaux retenus est homogénéisée (actions). Dans le cadre de cette étude, les données recueillies ont tout d'abord mis en évidence l'absence de double dissociation nom-verbe chez les sujets aphasiques, des variabilités inter- et intra-groupes en même temps que l'intervention de facteurs morphologiques dans la récupération lexicale de doublets nom-verbe. Notre étude suggère que soit réenvisagée le découpage catégoriel ancien entre nom et verbes. C'est pourquoi l'importance de la sélection du matériau linguistique pour toute étude centrée sur le langage est primordiale ; elle place ainsi le linguiste au cœur de la démarche de recherche. Par ailleurs, l'observation de certaines productions aphasiques (e. G. , les néologismes) en situation de manque du mot a permis d'envisager plus finement les processus psycholinguistiques impliqués dans la lexicalisation d'actions. Ainsi, l'intervention de mécanismes inhibiteurs serait au centre de la production lexicale. Ce dernier constat demanderait que soit revisitée la notion de dissociation automatico-volontaire telle qu'initialement proposée par Baillarger (1865) et Jackson (1866 ; 1891). Ceci permettrait de considérer les troubles neurologiques dans une dimension plus large incluant la complexité du locuteur, être de langage et d'affect.