Thèse de doctorat en Psychologie cognitive
Sous la direction de Daniel Martins et de Sylvie Chokron.
Soutenue en 2008
à Paris 10 .
L'imagerie mentale suscite un intérêt croissant au sein des recherches en Psychologie Cognitive, toutefois la nature de ces images reste encore peu connue. L'observation de sujets porteurs de troubles visuels ou neurovisuels représente un modèle pathologique de chois pour approfondir nos connaissances dans ce domaine. Elle soulève deux questions importantes : quel est l'effet d'une lésion cérébrale spécifique et/ou de la cécité sur l'imagerie mentale ? jusqu'à quel point les processus perceptifs et représentationnels dépendent des mêmes structures neuroanatomiques ? Les résultats d’une première série d’expériences révèlent d’une part que des déficits visuels d’origine périphérique, affectant la perception du matériel orthographique, des couleurs et des visages, entraînent des troubles représentationnels dans les domaines correspondants et, d’autre part, que les déficients visuels peuvent activer des données stockées par l’intermédiaire de la modalité haptique pour améliorer leurs performances au cours de tâches d’imagerie du matériel orthographique. Les résultats indiquent aussi que les processus perceptifs et représentationnels pourraient ne pas être sous-tendus par les mêmes structures anatomiques, puisque les lésions unilatérales du cortex visuel primaire des sujets testés n’entraînent pas systématiquement de troubles représentationnels. Enfin, les résultats suggèrent que les troubles représentationnels des sujets cérébrolésés pourraient être liés à la présence de troubles attentionnels ainsi qu’à des lésions s’étendant au-delà du cortex visuel primaire. La seconde partie de l’expérimentation suggère que l’apprentissage d’un certain nombre de codes, essentiellement visuels, de stratégies exploratoires et de notions spatiales de base, à travers l’exploration haptique et la réalisation d’illustrations en relief, permettrait aux non-voyants de faire disparaître le désavantage lié à la cécité (congénitale ou tardive) dans certaines tâches d’imagerie mentale visuo-spatiale. L’ensemble de ces observations présente l’image mentale comme résultant de la synthèse d’informations provenant de différentes modalités sensorielles, et pouvant être sous l’influence de processus attentionnels, mnésiques et de la connaissance conceptuelle.
Mental imagery and visual impairment : cognitive, functional and pathological approach to mental representations
The results of this study revealed on the one hand visual deficits of peripheral origin, affecting the perception of faces, colours or spelling material, set representational disorders in the corresponding areas and, on the other side, that the visually impaired can activate data stored thanks to haptic modality in order to improve their performance in mental imagery tasks of spelling material. Results indicated that the perceptive and representational processes could not be undertaken by the same cortical structures since the unilateral lesions of the subjects’ cortex did not systematically lead to representational disorders. Finally, results suggest that the brain-damaged patients’ representational disorders could be linked with the presence of attentional disorders and lesions spreading beyond the primary visual cortex. The second part of the experimentation suggested that learning a certain number of mainly visual codes, exploratory strategies and the use of raised line materials would allow the blind to compensate the deficit due to blindness (be it congenital or late) in certain visuo-spatial imagery tasks. These observations all present mental imagery as a consequence to the information synthesis generated by the different sensoral modalities and which could be under the influence of attention processes and tacit knowledge.