Thèse soutenue

Heiner Müller, une écriture de l'état d'exception

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Auteur / Autrice : Michel Deutsch
Direction : Jean-Louis Besson
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études théâtrales
Date : Soutenance en 2008
Etablissement(s) : Paris 10

Résumé

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Les textes de Müller, comme ceux d’Artaud ou du Brecht des Lehrstücke, participent d'une littérature de «l'état d'exception» et peuvent être lus, par conséquent, comme une statiologie et une hantologie littéraire. On sait que si stasis veut dire repos, position, arrêt (status), stasis signifie d'abord, pour nous désormais, mouvement (kinesis), trouble, révolte, et guerre civile. La guerre civile fait rage dans les textes et le théâtre de Müller (destruction, dilapidation, réévaluation de l'héritage littéraire, par exemple). J'emprunte le concept, en le limitant, de hantologie à Jacques Derrida pour remarquer l'insistance de la trace, du retour et de la présence des spectres et des fantômes du passé qui habitent le théâtre de Müller, dans son « dialogue avec les morts ». La révolution est une explication avec le passé, et avec les ennemis de la révolution. L'apaisement et la conciliation sont le propre d'une littérature des situations moyennes, sans ennemis; littérature du consensus que Müller met en crise en fragmentant le récit, en le surphrasant, en ayant recours à la « logique » du rêve, en l'orientant vers l'effroi, vers un théâtre dionysiaque du corps démembré (disjecta membra). Tragique contre dialectique, et comme l'écrit Nietzsche : on voulait voir un Grec et on se trouve devant un Allemand.