Thèse de doctorat en Littérature et civilisation française
Sous la direction de Françoise Mélonio.
Soutenue en 2007
à Paris 4 .
1820. Les Méditations. Le Lac. Qui connaît encore la suite ? Et pourtant. Lamartine n’a pas seulement inventé le lyrisme romantique, il a aussi actualisé sa doctrine poétique dans le domaine le plus éloigné en apparence de ses vallons et coteaux ombragés : dans la politique parlementaire. De 1834 à 1848, puis pratiquement jusqu’à sa mort, il s’est forgé un destin de polygraphe hors pair. Il est devenu simultanément et successivement orateur de la Chambre, historien, journaliste, romancier. Avec pour seule mission d’inventer sur la terre une de ses Républiques imaginaires qui peuplent les manifestes politiques et poétiques dès 1830. Il est le père de la démocratie moderne et nous rappelle à son insu que la politique des gouvernements doit et devra toujours des comptes à la poésie. A-t-il réussi à joindre avec panache et splendeur le poème et la tribune en Février 1848 ? A-t-il au contraire manqué le tournant du désenchantement, dépassé par ses cadets, Flaubert et Baudelaire ? Sans doute, le poète moderne n’a-t-il pas que des succès à son actif. Lyrique par intermittence – successful aurait dit Stendhal –, mais aussi vilipendé, moqué et finalement déchu simultanément de la lyre et du pouvoir, Lamartine est le poète démocratique par excellence. Il dota d’une souveraineté révolutionnaire l’opinion publique, la rumeur, les bruits de la rue, les voix du peuple en les consacrant au moyen d’une éloquence démocratique, en inventant un lyrisme de masse : au même titre que ses muses glorieuses et anciennes, en prenant le risque d’y perdre la poésie.
The Demcratic Lyricism of Lamartine : Lectures on Political Speeches from 1834 until 1848
1820. « The Meditations. » « The Lake. » Who remembers what comes after ? Nonetheless, Lamartine has not only invented romantic lyricism, he has also actualized his poetic doctrine in the field apparently furthest apart from his green shady hills: in parliamentary politics. From 1834 to 1848, and then practically until his death, he built his destiny as an exceptionally talented multi-facetted writer. He became simultaneously and successively an orator at the Parliament, a historian, a journalist, a novelist. With one single mission: to invent on Earth one of his « imaginary Republics » which are evoked in political and poetical manifestos as soon as 1830. He is the founding father of modern democracy and he reminds us that the politics led by the governments is and always will be in debt towards poetry. In February 1848, did he spectacularly succeed in combining the poem with the political tribune ? Or did he, on the contrary, fail to take the turn of disenchantment, surpassed by the new generation, Flaubert and Baudelaire ? There is no doubt that the modern poet has not always managed to avoid failure. Sometimes lyrical – « successful », as would Stendhal would have put it (using the English word) – but also sometimes hated, mocked, and finally fallen from both poetry and power, Lamartine is the democratic poet « par excellence ». He gave a revolutionary sovereignty to public opinion, to popular gossip, to street rumour, to the voices of the people. He consecrated them with a language sensitive and rebellious, inventing mass lyricism: as lyric as his ancient and glorious muses, at the risk of losing poetry.
Cette thèse a donné lieu à une publication
Le lyrisme démocratique ou la naissance de l'éloquence romantique chez Lamartine, 1834-1849 : prix de thèse 2009 de l'Assemblée nationale