Thèse soutenue

Les « victimes » : la formation d'une catégorie sociale improbable et ses usages dans l'action collective
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Auteur / Autrice : Stéphane Latté
Direction : Michel Offerlé
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études politiques
Date : Soutenance en 2008
Etablissement(s) : Paris, EHESS

Résumé

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Population sérielle longtemps dépourvue de visibilité, la catégorie de « victime » a connu depuis les années 1980 un processus multiforme d’objectivation. Cette thèse s’attache d’abord, dans le cadre d’une sociologie (les catégories sociales en train de se faire, à suivre la construction d’une offre d’identification en termes de « victime »: promotion de « politiques publiques d’aide aux victimes » ; constitution d’une discipline académique, la « victimologie », prenant pour objet cette population ; invention d’un diagnostic (le traumatisme psychique) et de pratiques thérapeutiques (les cellules d’urgence médico-psychologique) communs à des événements jusqu’alors incommensurables (de l’agression à l’inondation). A partir d’une enquête ethnographique consacrée aux mobilisations associatives et syndicales consécutives à une catastrophe industrielle, cette thèse vise ensuite a appréhender les ressorts de la conversion de l’expérience dramatique et du label de « victime » en une identité publique revendiquée. On y interroge le rôle de l’événement dans le passage à l’action collective, l’hypothèse d’«émotions mobilisatrices » (des « victimes » saisies par le deuil) et celle d’ « émotions mobilisées » (le deuil comme registre de dénonciation saisi par des « victimes »). À partir d’une sociologie des pratiques protestataires, on étudie ensuite les appropriations différenciées du régime de la plainte : les usages des pratiques psychologiques, du témoignage médiatique, de la plainte judiciaire et de la commémoration. On définit enfin un registre victimaire d’expression publique des griefs qui s’implante aujourd’hui dans des secteurs diversifiés de 1’espace des mouvements sociaux.