Thèse soutenue

Le regard français sur le patrimoine marocain : conservation, restauration et mise en valeur de l'architecture et de l'urbanisme des quatres villes impériales durant le protectorat (1912-1956)

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Auteur / Autrice : Mylène Théliol
Direction : Dominique Jarrassé
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire de l'art contemporain
Date : Soutenance en 2008
Etablissement(s) : Bordeaux 3

Résumé

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En 1912, la France possède déjà, en Afrique du Nord, l’Algérie et la Tunisie. Leur colonisation militaire respective a été accompagnée par un transfert des pratiques politiques, administratives et culturelles métropolitaines comme le processus de patrimonialisation. Ce dernier se résume à la sauvegarde des monuments ayant un caractère historique et artistique prononcé. Dans un premier temps, les Français ont préservé les édifices antiques mais petit à petit, ils ont élargi cette protection à quelques monuments musulmans représentatifs d’une période ou d’un style artistique précis. Lorsque le traité de Fès, du 30 mars 1912, instaure le protectorat français au Maroc, il prévoit, outre la modernisation administrative et économique du pays, la protection du pouvoir spirituel du Sultan et celle des mœurs et coutumes marocaines. C’est dans cette perspective que le Général Hubert Lyautey, tend à diriger le Maroc, dès sa nomination au poste de Commissaire Résident général du protectorat, le 27 avril 1912. Il met en place un dispositif législatif et administratif relatif à la conservation des monuments historiques qui s’inspire des expériences françaises et tunisiennes mais qui en diffère. Contrairement à la Tunisie ou à l’Algérie, la préservation des édifices arabo-musulmans prédomine sur celle des monuments antiques. L’autre originalité du programme patrimonial marocain vient du fait qu’il sauvegarde les tissus urbains dont les premiers visés sont ceux des villes impériales, Fès, Meknès, Marrakech et Rabat-Salé. Ces dernières synthétisent par leur localisation géographique, leur histoire et leurs diversités ethniques, culturelles, sociales et économiques l’ensemble du Maroc. Elles servent d’exemple pour appréhender l’étude du programme patrimonial et ses moyens d’action. Dès la première année du protectorat, un dahir (décret) du 26 novembre 1912 traitant « des vestiges du passé qui touchent à l’histoire de l’Empire marocain ainsi que les choses artistiques qui contribuent à son embellissement » est instauré. Il est remplacé par la loi du 13 février 1914 qui établit les modalités de conservation des monuments historiques, des inscriptions, des objets d’art et d’antiquité du Maroc ainsi que des lieux entourant des monuments, des sites et des sites naturels. Ces deux législations sont appliquées par le biais de du Service des antiquités, beaux-arts et monuments historiques, créé le 26 novembre 1912. Son rôle est de rechercher et de conserver les antiquités, les édifices et les objets historiques ou artistiques, de surveiller les travaux de restaurations exécutés, d’étudier les mesures de défense, de protection et de rénovation de l’artisanat marocain et de conserver dans leur intégralité les médinas et leurs architectures. Cependant cet objectif est remis en cause notamment par les bouleversements urbanistiques liés à la surpopulation des médinas qu’a engendré l’exode rural, une des conséquences des crises économiques des années trente. Après 1945, la sauvegarde des médinas est toujours une priorité. L’Inspection des monuments historiques façonne même les villes anciennes en villes musées afin de les préserver des nouvelles constructions modernes qui les menacent bien que les Marocains soient favorables aux nouveautés architecturales de la métropole.