Thèse soutenue

Dynamique des changements dans le secteur de l'élevage du Tchad : le cas de la filière laitière de N'Djamena

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Auteur / Autrice : Koussou Mian Oudanang
Direction : Jean Lossouarn
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Systèmes d'élevage et filières animales
Date : Soutenance en 2008
Etablissement(s) : Institut national agronomique Paris-Grignon (1971-2006)

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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La population de N’Djamena, capitale du Tchad, croît de 6 % par an, ce qui entraîne une augmentation rapide de la demande en lait et en produits laitiers. De nombreuses capitales africaines importent l’essentiel de leur approvisionnement en produits laitiers sous forme de poudre de lait. Au contraire, on constate plutôt au Tchad, un regain d'intérêt pour les produits laitiers locaux. Cette spécificité tchadienne traduit-elle une meilleure capacité d’adaptation des systèmes d’élevage aux mutations marchandes ? Pour comprendre la place qu’occupent les systèmes d’élevage locaux dans l’approvisionnement de la ville, et les liens entre la croissance du marché et l’évolution des systèmes d’élevage, une étude a été menée en périphérie de N’Djamena par la méthode de l’analyse de filière : production, commercialisation et consommation du lait et de produits laitiers. Des enquêtes ont concerné 372 consommateurs, 254 commerçants, 51 transformateurs, et 161 éleveurs. La consommation des produits laitiers locaux et importés par les ménages dépend fortement des habitudes alimentaires et du niveau de revenu du foyer. Celle des produits laitiers hors domicile est en plein essor avec le succès du rayeb, un lait fermenté entier local, distribué principalement par les bars laitiers de la ville. L’analyse du marché montre le dynamisme et la complémentarité des filières qui approvisionnent la ville en produits laitiers locaux : lait frais, lait caillé, lait de chamelle. Parmi elles, la filière « lait frais » de vache, composée de micro-entreprises de collecte, est la plus dynamique en alimentant les entreprises de transformation laitière qui valorisent ce lait local. Ainsi, les micro-entreprises laitières apparaissent comme le « moteur » principal des changements intervenus dans la filière et dans le bassin de production. L’essor de la filière lait de chamelle est lié à la spécificité du produit qui n’entre pas en concurrence avec le lait de vache ; ce lait est consommé par les populations originaires des zones pastorales du nord du pays. Le rôle des systèmes d’élevages pastoraux et agropastoraux dans l’approvisionnement de la ville en lait local est ainsi mis en évidence ainsi que ses mutations profondes sous l’effet de l’intégration au marché. Loin des clichés sur « l’élevage contemplatif », l’étude montre que le pastoralisme sahélien s’adapte aux mutations de son environnement et que ces mutations dépendent fortement du dynamisme des entreprises en aval et des évolutions des modes de consommation. Les résultats obtenus par l’approche filière permettent de formuler des recommandations aux politiques et aux projets d’appui à l’élevage cohérentes avec les caractéristiques du marché visé. Pour sécuriser l’approvisionnement en lait et en produits laitiers des villes africaines, il convient en particulier de prendre en compte les difficultés liées à la sécurisation des débouchés, à la fourniture d’intrants alimentaires et de services, et aux contraintes foncières. Les recherches futures devront mieux cerner la dynamique organisationnelle (groupements, fédérations, coopératives, contrats), et l’organisation des services (approvisionnement en intrants vétérinaires et alimentaires, micro-crédit) pour résoudre ces contraintes.