Thèse soutenue

Croire, lire et paraître : les pratiques culturelles des élites urbaines à Poitiers au XVIIe siècle

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Antoine Coutelle
Direction : Robert Muchembled
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire moderne
Date : Soutenance en 2007
Etablissement(s) : Paris 13

Résumé

FR  |  
EN

L’image traditionnelle de Poitiers au XVIIe siècle est celle d’une ville en déclin. Incapable de s’insérer dans les grands réseaux commerciaux du royaume, figée dans un urbanisme démodé, reléguée à un échelon subalterne dans la hiérarchie des relais de l’autorité monarchique, elle présente un visage qui forme un contraste net avec la prestigieuse capitale de province de la Renaissance. La période qui commence dans les années 1620 - après l’apaisement des derniers soubresauts de la Ligue -, et se termine dans les premières années du XVIIIe siècle - lorsque disparaît la dernière génération de magistrats urbains ayant connu l’apogée du règne de Louis XIV -, est davantage un moment de mutation que de décadence. Localement, la hiérarchie sociale est dominée par une élite composée d’officiers moyens, d’universitaires et de clercs. Les membres du bureau des finances, ceux du présidial, les octeurs-régents et les chanoines composent aussi la majorité du Corps de ville. Ce groupe trouve sa cohérence dans un système de valeurs ordonné autour de la notion de dignité. Cela transparaît dans les discours produits lors de célébrations officielles, dans le dispositif des cérémonies elles-mêmes et, en négatif, dans des textes satiriques. Les gestes de dévotion, la constitution des bibliothèques privées, la publication de textes et les différentes formes de la sociabilité sont autant de pratiques culturelles distinctives qui construisent l’identité sociale de l’élite. Mais celles-ci connaissent des variations au cours de la période étudiée. En intégrant les nouvelles normes imposées à la fois par l’accentuation de l’autorité monarchique et la reconquête catholique post-tridentine, le groupe qui domine la ville abandonne une part de sa cohésion interne pour conserver sa prééminence sociale.