Thèse soutenue

Le rôle de la politique russe de Bismarck dans la voie prussienne vers l’unité allemande 1863-1871 : Die getäuschte Clio ?

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Auteur / Autrice : Stéphanie Burgaud
Direction : Jean-Paul Bled
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance en 2007
Etablissement(s) : Paris 4

Résumé

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Depuis les mémoires d’Otto von Bismarck, ancien ministre-président de Prusse (1862-1871) puis chancelier du Reich allemand (1871-1890), l’histoire des relations internationales retient que l’unification allemande s’est faite autour de la Prusse grâce à la « neutralité bienveillante » russe dans ses trois guerres successives (contre le Danemark en 1864, l’Autriche en 1866 et la France en 1870). En soutenant la Russie pendant l’insurrection polonaise de 1863, Bismarck s’attirerait la reconnaissance tsariste et briserait le rapprochement france-russe. Les archives russes, aujourd’hui ouvertes au chercheur, montrent au contraire qu’en juillet 1866 culmine, sur la Neva, une politique conservatrice d’opposition aux menées bismarckiennes. Après son échec, elle tente de réaliser son but depuis la défaite de Crimée : se délier des clauses de la Paix de Paris (1856) concernant la neutralisation de la mer Noire. La démarche unilatérale, voulue par le ministre Gortchakov, avorte en septembre 1866, avant de réussir à l’automne 1870, à la faveur de la guerre franco-allemande. Cette relecture amène à réviser la place, grandement surévaluée jusqu’ici, de la Russie dans la géostratégie prussienne. En 1863, Bismarck cherche surtout un « coup » politique qui fasse entrer son pays dans le jeu européen. Puis il fait de la France la cible de sa diplomatie pour obtenir l’appui de Napoléon III dans la question allemande. Entre 1867 et 1870 enfin, il se garde de tout engagement ferme en faveur de la Russie en Orient pour éviter une guerre européenne ; en menant une politique d’équilibre, voire conciliante, avec l’Autriche, il veut obtenir que le conflit franco-allemand reste localisé.