Thèse de doctorat en Études du monde anglophone
Sous la direction de Franck Lessay.
Soutenue en 2007
à Paris 3 .
Cette thèse se propose d’opérer un rapprochement entre quatre penseurs emblématiques de la période qui va de la Grande Rébellion à la Glorieuse Révolution en Angleterre au dix-septième siècle : Thomas Hobbes, James Harrington, Algernon Sydney et John Locke. Ces penseurs au statut et à la postérité différents se caractérisent par de fortes divergences théoriques : théoricien de l’absolutisme pour Hobbes, partisans d’un régime de représentation populaire pour Harrington et Sydney, tenant d’une monarchie parlementaire pour Locke. Malgré ces divergences, on a pu dégager une perspective commune chez ces auteurs, marquée par le souci de prendre en compte les conditions réelles dans lesquelles s’exerce le pouvoir politique. Cette perspective commune, qualifiée de réaliste, s’articule autour de trois grands axes : tout d’abord elle se signale par une volonté de fonder l’organisation politique dans les principes de nature, tels qu’ils sont découverts par un examen historique des sociétés humaines, ainsi que par une démarche rationnelle ; elle les conduit ensuite à rechercher les conditions optimales de préservation de la République ainsi fondée ; enfin, elle les entraîne à prendre en compte l’intérêt de la République dans le traitement d’un certain nombre de questions politiques fondamentales qui se posaient alors. On conclura en établissant que ce réalisme les pousse à formuler des propositions similaires sur la nature et l’étendue du pouvoir qui doit être confié aux gouvernants, quel que soit le régime envisagé.
Realism in the political thought of Thomas Hobbes, James Harrington, Algernon Sidney and John Locke from the Great Rebellion to the Glorious Revolution
The purport of this doctoral thesis is to bring in perspective four emblematic thinkers of the period of English history extending between The Great Rebellion and the Glorious Revolution : Thomas Hobbes, John Harrington, Algernon Sydney and John Locke. These authors, whose respective status and posterity widely differ, are divided by strong ideological differences : Hobbes was a proponent of absolutist government, Harrington and Sidney inclined in favour of a regime based on popular representation and John Locke was a partisan of parliamentary monarchy. Whatever their differences, these philosophers share a common attitude that consists in taking into account the real conditions presiding over the exercise of political power. This common perspective which has been described as political realism is founded on three main axes : the first one is the will to choose a foundation of all political organisations the principles of nature as evidenced by the historical study of human societies and rational analysis ; the second axis is to be found in their search for optimal conditions to ensure the preservation of the Commonwealth built on such foundation ; the third and last axis consists in taking into account the Commonwealth ‘s interest in the resolution of a certain number of fundamental political questions that prevailed during that period. We shall establish in conclusion that their common realism induces them to put forward similar propositions on the nature and extent of the power that political leaders must be entrusted with, whatever the chosen form of government may be.
Cette thèse a donné lieu à une publication en 2012 par Presses universitaires du Septentrion à Villeneuve d'Ascq
Aux sources de la démocratie anglaise : de Thomas Hobbes à John Locke