Thèse soutenue

Logique culturelle et dynamique de la performance sportive féminine en Algérie
FR  |  
EN
Accès à la thèse
Auteur / Autrice : Fatma-Zohra Benmoussa
Direction : Françoise Labridy
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 15/11/2007
Etablissement(s) : Nancy 2
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale Langages, Temps, Sociétés (LTS) (Nancy-Metz)
Jury : Président / Présidente : Marc Lévêque
Examinateurs / Examinatrices : Zbigniew Zaleski, Alexandre Kurc

Résumé

FR  |  
EN

Guerre, urbanisation massive et scolarisation en propulsant la femme au devant de la scène, ont ils vraiment contribué à la libérer ou au contraire à l'aliéner ? Le débat sur la sportive algérienne se situe au niveau d'une réalité multidimensionnelle, d'une société encore organisée autour de la protection de la femme. La distribution traditionnelle des espaces en intérieur pour les femmes et extérieur pour les hommes, face à la vie contemporaine va susciter des situations inédites, générées par une influence du modèle "moderne" sur un individu resté imprégné dans son vécu et dans ses apprentissages, par les valeurs du milieu dans lequel il a été socialisé. Le système de socialisation dans lequel sont impliquées les sportives algériennes, hérité d'une société demeurée hostile au mélange des sexes, les amène à développer des stratégies quant à l'occupation des espaces intérieur / extérieur. La femme ne se résout pas à opérer des choix, abandonner un style de vie pour l'autre, tant qu'elle n'est pas sûre qu'elle peut remplacer son rôle de mère (car il lui donne un statut) par un autre rôle. Ceci la contraint donc, à une alternance de rôles où elle doit concilier culture moderne et culture traditionnelle (entendre par moderne ce qui est contemporain et qui se fait actuellement, et traditionnel ce qui se faisait). Cet "entre deux culturel" issu de raisons historiques et économiques (égalité femme / homme, scolarisation obligatoire pour les filles, travail féminin…) va entraîner des situations ambivalentes et inconfortables pour l’athlète algérienne. D'autre part, les exigences de la logique sportive, (inconciliables avec la logique traditionnelle), en s'inscrivant dans le domaine du corps, placent d'emblée la sportive algérienne en rupture avec les normes sociales. Pour cette dernière, parler avec un corps non seulement habitué mais surtout contraint au silence en dehors de l'espace privé est considéré comme un dépassement de normes, passible de rejet. Pour la société, le corps et ses représentations relèvent de l'intime, alors que pour la pratique sportive de celui du public : une antinomie que la sportive algérienne se doit de gérer dans sa quête de performance. L'examen de trajectoires d'athlètes féminines de haut niveau dans différentes disciplines (athlétisme, natation, judo, gymnastique, volley-ball, hand-ball, foot-ball, basket-ball, escrime et tennis de table) a permis de constater que les raisons de l'absence des femmes de la sphère sportive sont multiples. Les résultats de cette investigation ont permis de déceler l'existence d'une dynamique de la performance sous tendue par une logique culturelle qui ne se manifeste ni dans une opposition masculin / féminin, ni dans l'opposition tradition / modernité. Elle débusque aussi les idées reçues d'une religion interdisant toute forme de pratique sportives pour les femmes. Elle démontre par contre qu'à aucun moment le milieu familial n'intègre ce genre de socialisation, mais dès que cette "déviation" s'avère productrice (par la réalisation de hautes performances génératrices de gains, de reconnaissance…) il y a inversion de la dynamique culturelle avec acceptation et sur valorisation du nouveau statut. En conclusion la logique culturelle continue à fonctionner (face à deux univers qui s'opposent) aussi bien chez les sportives que dans leur environnement, en manifestant une capacité déroutante à admettre puis à absorber et détruire tout élan d'innovation, d'ouverture.