Thèse de doctorat en Science politique. Relations internationales
Sous la direction de Bertrand Badie.
Soutenue en 2007
Ce travail constitue une réflexion sur le rôle structurel des migrants et des réfugiés sur l'évolution des relations internationales au sein du monde arabe et sur les institutions politiques dans la région. En partant de l’étude des itinéraires individuels et des formes de mobilisation des communautés transnationales érythréennes, on propose une sociologie politique de la mobilité à l’échelle régionale. À cette analyse des réseaux de la migration et des formes de la mobilité, on affronte l’étude des institutions de gestion de la migration et de l’asile dans les pays d’accueil. On constate l’échec relatif des politiques migratoires et des politiques «anti-intégration» menées par les pays d’accueil et les ambiguïtés de la «gestion» des migrations par l’État diasporique érythréen. Le contrôle par les États de la mobilité et de l’intégration ou la ségrégation sociale et politique des migrants dans les pays d’accueil, se heurtent à la résistance du «fait migratoire», des réseaux historiques de l’asile et la permanence des déterminants de l’exil. On constate en revanche un «effet retour» de la mobilité sur la capacité des États de la région : le processus social de longue durée qu’est l’exil érythréen met en question la souveraineté des État sur leurs territoires et leurs population et induit des transformations au sein des institutions politiques des pays de la région. La mobilité est donc envisagée comme un facteur de transformation politique à l’échelle du champ migratoire que l’on observe.
Migration and integration in the Red Sea : migrants and refugees from Eritrea to Sudan, Yemen an Saudi Arabia 1991-2007
This thesis analyzes the role played by migrants and refugee from Eritrea in the evolution of international relations in the Arab world and on the political transformations in the countries of origin and the countries of asylum and immigration. Starting with individual itineraries and collective mobilization within diasporic communities, we describe the sociological functioning of migration networks around the Red sea. We compare this sociology of Eritrean migrations to the strategies and management devices used by States, governmental and inter-governmental organizations to control fluxes and diasporic communities. We reckon that migration policies and integration policies fail considering the resilience of the social and political processes favoring mobility and settlement of Eritrean abroad in the Arab world. We claim that mobility itself is a factor of political change in a context of low institutionnal integration and that migration, through social and informal way, provokes crucial political transformations at the national and regional level.